En Birmanie, les salariés d’un sous-traitant d’Adidas obtiennent gain de cause dans leurs revendications salariales

Dans les pays du Nord, au début des années 90, une prise de conscience des dramatiques conditions de travail chez les sous-traitants des grandes marques d’articles de sport a matérialisé l’un des points de départ de la responsabilité élargie des entreprises dans le domaine social. À peu près à la même époque, des ONG et des investisseurs financiers, surtout étatsuniens, ont interpellé le groupe Total sur sa présence en Birmanie (Myanmar). Le pays était déjà entre les mains d’une des juntes les plus implacables au monde. Certaines parties prenantes de la compagnie reprochaient à cette dernière de financer les militaires et d’être complice des violations des droits humains auxquelles ils se livraient.

Le 14 mai 2025, c’est encore une grande marque d’articles de sport (Adidas) qui s’est retrouvée sur le devant de la scène pour ses activités en Birmanie. Plus de 6 000 salariés d’un sous-traitant de la marque aux trois bandes, l’usine taïwanaise Tsang Yih située dans la zone industrielle de Hlaing Thayar (Yangon), se sont mis en grève pour obtenir une augmentation de leur rémunération. Leurs salaires (indemnités comprises) s’élevaient à environ 7 600 kyats par jour (1,86 euro au taux du marché). Ils réclamaient 12 000 kyats, montant qui se rapproche du revenu de subsistance tel qu’il a été calculé par le Solidarity Trade Union of Myanmar (STUM). Selon une enquête du STUM, ce revenu devrait se situer entre 12 000 et 17 000 kyats pour une journée de travail de huit heures.

Dans ce pays, les intimidations pour décourager les revendications des salariés et les actes des entreprises et des autorités pour réprimer les représentants syndicaux sont monnaie courante. Le 15 mai, la direction de l’usine a promis de réagir dans les cinq jours. Mais les salariés ont insisté pour recevoir une réponse immédiate. Dans un premier temps, la direction a menacé de les licencier pour absence non autorisée. Finalement, le 21 mai, elle a accepté de passer le salaire journalier de base de 5 200 à 5 800 kyats et de porter les indemnités à 6 200 kyats, répondant ainsi à la demande des grévistes. Ces derniers ont déclaré que ce résultat était dû à l’unité du personnel, qui avait refusé une première proposition dérisoire de la direction et résisté à une injonction du vice-ministre du Travail à reprendre leur poste.