Les émissions de méthane dues aux exportations maritimes du gaz étatsunien explosent

Malgré les appels répétés à plus de sobriété, plus de raison et plus d’action, les chiffres ne sont pas bons. Le 10 janvier, Copernicus, l’observatoire européen du climat, a annoncé que 2024 avait été l’année la plus chaude jamais enregistrée à l’échelle planétaire depuis le début des relevés en 1850 (15,10 °C). Pour la première fois, le seuil de +1,5 °C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle a été dépassé. Un peu plus tard, le 15 avril 2025, le Copernicus Climate Change Service (C3S) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM) ont montré que 2024 avait aussi été l’année la plus chaude jamais enregistrée en Europe (European State of the Climate 2024). Et le 14 avril, le Global Monitoring Laboratory de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) a relevé une augmentation inhabituelle de la concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère à l’échelle mondiale (3,75 ppm au lieu des 1 à 2 ppm habituellement observées au cours des décennies précédentes) sans qu’il puisse expliquer cette accélération.

Ces informations sont d’autant plus alarmantes que, régulièrement, des analyses mettent en évidence les omissions dans la comptabilisation des émissions de GES. Le 16 avril 2025, le média Inside Climate News a ainsi publié une étude sur les rejets cachés résultant des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) des États-Unis. Le pays est devenu en l’espace d’une décennie le premier exportateur mondial grâce à la fracturation hydraulique. L’article examine en particulier les rejets liés au transport maritime. Cette part est modeste par rapport à la totalité des rejets dus au gaz naturel (environ 6 %, le reste provient des puits de production et de l’utilisation finale). Sa quantité est néanmoins substantielle.

Cette analyse est une première du genre. Elle a comparé les rejets entre deux périodes. La première s’étend entre le 1er avril 2017 et le 31 mars 2018, et la seconde va du 1er avril 2023 au 31 mars 2024. Les rejets de GES sont passés de 4,1 millions de tonnes à 18,4 millions de tonnes, soit 50 % de plus que les économies réalisées par l’ensemble des véhicules électriques légers immatriculés aux États-Unis. Ces chiffres pourraient encore augmenter à cause de la politique dans laquelle s’engage le pays. Ces calculs tiennent compte à la fois des rejets de CO2 émanant de la combustion du méthane s’échappant des réservoirs des méthaniers et alimentant leurs moteurs, et des émissions de CH4 imbrûlé. Sur l’ensemble de la flotte exportant du GNL des États-Unis, ces rejets de méthane ont représenté plus de la moitié des émissions en équivalent CO2.

Selon Inside Climate News, les émissions fugitives qui proviennent du gaz non brûlé par les moteurs principaux des navires sont faibles (environ 2 % du gaz qu’ils utilisent). En revanche, pour les moteurs auxiliaires qui produisent l’électricité nécessaire à l’éclairage et aux autres besoins électriques du navire, les fuites de méthane peuvent être beaucoup plus importantes. Cela s’explique par le fait que ces générateurs fonctionnent à faible charge. Le média souligne qu’il existe des solutions, qui ne sont toutefois pas encore appliquées.