Les donneurs d’ordres ne doivent pas intervenir sur leurs fournisseurs et sous-traitants uniquement pour les sanctionner en cas de non-respect des droits sociaux, mais aussi pour faire rectifier, voire pour se substituer à eux afin de réparer les éventuelles lacunes dont ils ont connaissance. C’est une demande récurrente de la part des ONG et des syndicats. La raison en est simple : sanctionner, ce sont des marchés en moins pour les sous-traitants et des emplois perdus pour les salariés. La crise sanitaire, puis les droits de douane instaurés par les États-Unis fragilisent encore des conditions de travail déjà très précaires.
Dans la province de Kampong Spoe au Cambodge, entre août et novembre 2024, 5 syndicalistes de la Fédération des syndicats libres et indépendants (FUFI) ont été licenciés par la direction de l’usine chinoise SSH CB Sustainable Fashion Co Ltd. Le site produit des vêtements d’extérieur destinés à l’exportation vers l’Europe, le Canada, le Japon et les États-Unis. Les ONG et syndicats locaux ont contesté les motifs de ces licenciements invoqués par la direction. Ils ont affirmé que la véritable raison était leur adhésion à la FUFI. Ils sont donc intervenus auprès des donneurs d’ordres, dont la société espagnole Inditex.
Finalement, à la suite de négociations entre Inditex, l’employeur, le syndicat et les ONG concernées, les 5 syndicalistes ont été réintégrés le 21 avril 2025. Le contenu des discussions demeure confidentiel. Le président de la FUFI a néanmoins exprimé son inquiétude quant au fait que, selon lui, les licenciements étaient fermement « enracinés dans une discrimination contre l’activité syndicale ».
