La collecte et le traitement les déchets restent des activités susceptibles de générer des pollutions sévères

À la suite de plusieurs alertes et scandales, les autorités françaises ont pris plusieurs dispositions en 1998 pour faire baisser les taux de dioxines issus des usines d’incinération françaises, qui étaient considérées par les ONG comme des solutions de facilité pour limiter la mise en décharge des ordures ménagères. Cela a fait l’objet d’un dossier publié par Impact Entreprises en juillet-août 1998. Depuis le drame de Seveso en Italie, où un nuage de pesticides chargé de dioxines a causé la mort de milliers d’animaux et occasionné de graves lésions chez les personnes, on connaît les dangers des dioxines.

Plus d’un quart de siècle après, le phénomène n’est pas éradiqué. Le 1er avril 2025, le réseau Zero Waste Europe a publié une étude conduite par l’organisme indépendant néerlandais ToxicoWatch, dans laquelle il montre que les sols autour de l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) sont contaminés par des métaux lourds et des dioxines. Des échantillons de mousse ont notamment été prélevés dans des écoles primaires. Les résultats montrent une concentration de dioxines qui atteint parfois 10 fois la limite européenne. Quatre écoles sont aussi concernées par des niveaux de métaux lourds qui dépassent 100 fois les seuils recommandés.

La Syctom, l’agence métropolitaine des déchets ménagers, dit respecter « scrupuleusement les règles qui lui sont fixées à la fois dans la surveillance qui y est appliquée et dans le respect des valeurs limites à respecter ». Mais, de son côté, le Collectif 3R, qui milite contre la construction de nouveaux incinérateurs et la baisse des taux de rejets, estime que les prélèvements de la Syctom sont insuffisants.

Beaucoup plus loin, en Colombie, près du village de Patio Benito, au nord de la ville de Barrancabermeja, c’est une décharge gérée par Veolia Environnement qui est incriminée. Le 25 mars 2025, l’association Global Witness a publié une étude dans laquelle elle confirme des accusations à l’encontre de la multinationale de déverser délibérément des lixiviats non traités dans les cours d’eau qui irriguent la zone humide de San Silvestre. Ces accusations s’appuient sur des vidéos qui montrent le pompage de ces lixiviats dans un bassin de confinement du site et leurs rejets dans le milieu, alors que la station de traitement n’est pas en service, ainsi que sur l’analyse d’échantillons de sédiments prélevés en septembre 2024. Ces derniers révèlent des taux de mercure allant jusqu’à 25 fois les niveaux considérés comme sûrs dans un pays tel que le Canada. Les échantillons ont également indiqué des taux élevés de chrome, de plomb et de manganèse.

Veolia réfute les griefs formulés à son encontre en spécifiant que les processus de traitement ont été renforcés et modernisés depuis la reprise du site par le groupe en 2019. L’entreprise précise aussi que les échantillons analysés dans des laboratoires indépendants et accrédités ont toujours montré des niveaux de métaux lourds dans les limites maximales autorisées. Par ailleurs, la société souligne que les déversements de lixiviats observés dans les vidéos ne prouvent pas qu’ils puissent être la source de la contamination aux métaux lourds détectée lors des tests des sédiments. Elle ajoute que « les rapports de contamination dans cette zone humide sont antérieurs à l’exploitation du parc et sont liés à des activités régionales ».