Sur la base des tendances actuelles, il est peu probable qu’un nombre important d’entreprises parvienne à atteindre la neutralité carbone dans un avenir plus ou moins proche, rejets émanant du scope 3 compris. Pour s’en approcher, de nombreuses firmes devraient faire appel à des instruments de compensation carbone fondés sur la nature, malgré les multiples scandales qui secouent cette activité.
Pour répondre aux tentatives de la profession pour rétablir la crédibilité des crédits carbone, l’association néerlandaise SOMO a publié le 21 mars 2025 une analyse des arguments développés dans deux études favorables à ces instruments : All in on Climate: The Role of Carbon Credits in Corporate Climate Strategies (2023) et Corporate Emissions – Performance and the Use of Carbon Credits (2024). L’ONG fait notamment ressortir des biais résultant du choix des données, des irrégularités, des informations insuffisantes, des incohérences dans les données fournies, des astuces comptables…
Une autre étude publiée dans Nature Reviews Biodiversity relève que les gains de biodiversité découlant des initiatives visant à restaurer la nature sont souvent surestimés, voire totalement absents. La restauration privilégie généralement des objectifs utilitaires tels que la production de bois, la séquestration du carbone ou la lutte contre l’érosion. Cela conduit à un large recours aux plantations en monoculture ou aux agroforêts à faible diversité. Des méthodes comme la régénération naturelle, qui permet aux forêts de se reconstituer d’elles-mêmes, peuvent souvent produire de meilleurs résultats en matière de biodiversité. Si planter quelques espèces à croissance rapide peut permettre de vite séquestrer du carbone, cela a peu d’effets sur les espèces de plantes et d’animaux menacées. Le rétablissement de la biodiversité est lent, et il est préoccupant de constater que la plupart des projets abandonnent leur suivi au bout de quelques années seulement. Bien conçue, la restauration forestière pourrait pourtant contribuer à résoudre la double crise de la perte de biodiversité et du changement climatique.