En principe, le droit international s’impose à tous les êtres humains. Dans la pratique, cette règle s’avère parfois théorique, faute notamment de moyens de persuasion dissuasifs. En l’espèce, la situation des territoires palestiniens occupés par l’État d’Israël est un cas d’école. De nombreuses organisations appellent à ne pas collaborer avec des entreprises israéliennes pour développer des activités dans ou avec ces territoires.
Cependant, que ce soit de manière volontaire ou sur le plan diplomatique, la mise en œuvre de ces appels est souvent discrète, voire détournée. En novembre 2016, par exemple, la France a publié au Journal officiel un avis selon lequel l’étiquetage des produits alimentaires devait indiquer de façon précise l’origine exacte des denrées. Lorsqu’ils concernent des produits issus de colonies de peuplement de Cisjordanie ou du plateau du Golan, il est ainsi nécessaire d’ajouter une mention entre parenthèses, comme l’expression « colonie israélienne ».
De son côté, en janvier 2018, le Sénat irlandais (Seanad Éireann) a adopté une proposition de loi : Control of Economic Activity (Occupied Territories) Bill 2018. Celle-ci vise à interdire l’importation et la vente de marchandises et de services produits dans des territoires occupés, ainsi que l’extraction de ressources dans ces territoires sans le consentement des autorités compétentes. Elle cible au premier chef les colonies israéliennes. Soumise la même année à la chambre basse (Dáil Éireann), la proposition n’a cependant toujours pas été au bout du processus législatif.
Les élections anticipées de novembre 2024 et le jugement rendu en juillet de la même année par la Cour internationale de justice (CIJ) déclarant les colonies israéliennes illégales ont relancé le débat. Le 11 février 2025, le nouveau Premier ministre irlandais, Simon Harris (parti Fine Gael), s’est exprimé devant le Dáil et a affirmé que le gouvernement avait bien l’intention d’interdire le commerce des biens en provenance des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés, mais il n’a pas évoqué les services. Il a ajouté que la législation devait d’abord être renforcée d’un point de vue juridique avant d’être adoptée.
Bien que le Fine Gael et le Fianna Fáil (parti formant la coalition gouvernementale avec le Fine Gael) se soient tous deux engagés lors des dernières élections à soutenir pleinement le projet de loi sur les territoires occupés, l’opposition s’inquiète. Elle estime que la politique du gouvernement a changé depuis cette date et qu’il pourrait revenir sur sa promesse de campagne en n’intégrant pas les services dans le projet, en diluant ce dernier, voire en l’abandonnant. Pourtant, les partisans du projet de loi soulignent que le jugement de la CIJ consolide l’initiative, et que des juristes affirment qu’elle est compatible avec le droit de l’Union européenne.