En Suisse

Malgré les protestations d’un large éventail d’acteurs dans le monde (universitaires, personnalités politiques, syndicats, associations, investisseurs, entreprises…), la Commission européenne devrait annoncer d’ici peu ses mesures omnibus visant à alléger fortement la charge d’information des rapports de durabilité des entreprises. L’Europe, qui prenait une certaine avance, dérive vers les moins-disants. Parallèlement, l’ONG néerlandaise SOMO a édité une base de données sur les entreprises qui relèveraient du champ d’application de la directive européenne sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité (CS3D). Et en Suisse, une nouvelle initiative populaire pour des multinationales responsables a été lancée le 7 janvier 2025. Une démarche identique avait été rejetée de justesse en 2020. Mais malgré les retours en arrière, le contexte européen a changé. Toujours en Suisse, le géant du négoce de matières premières Trafigura a été reconnu coupable de corruption en Angola après des années de procédure. Quant au cimentier suisse Holcim, lui et sa filiale Lafarge ont demandé, le 27 janvier, 200 millions d’euros de réparation à l’ex-P.-D.G. de Lafarge, Bruno Lafont, ainsi qu’à quatre autres personnes pour avoir payé des groupes jihadistes en vue de maintenir l’activité du groupe en Syrie. Enfin, le 4 février, la presse a révélé qu’un autre géant suisse, Nestlé, aurait mené une intense opération de lobbying jusqu’au plus haut sommet de l’État français pour mettre en place une filtration illégale de son eau en bouteille.