Les anti-ESG passent à l’offensive dans les assemblées générales outre-Atlantique. Les entreprises progressistes résistent

Aux États-Unis, sous la pression des courants conservateurs et des risques d’actions juridiques engagées pour discrimination positive, plusieurs très grandes sociétés ont récemment réduit leurs programmes de diversité, d’équité et d’inclusion (diversity, equity and inclusion – DEI), ou y ont mis un terme. Parmi celles-ci, on note Starbucks, Boeing, John Deere, Walmart, Meta Platforms, Amazon.com et McDonald’s. Le retour de Donald Trump à la présidence pourrait accélérer ce mouvement.

Certaines entreprises résistent cependant. C’est le cas de l’enseigne de distribution de gros en libre-service Costco, dont les ventes mondiales se sont élevées à 250 milliards de dollars au cours du dernier exercice fiscal. Le National Center for Public Policy Research (NCPPR) est un groupe de réflexion conservateur qui a déposé un projet de résolution à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale du groupe, qui se déroulera le 23 janvier 2025. Ce projet demande à Costco de publier un rapport sur les risques financiers liés au maintien de ses objectifs de diversité et d’inclusion. Le NCPPR alerte Costco sur une possible « discrimination illégale » à l’encontre des employés « blancs, asiatiques, de sexe masculin ou hétérosexuels ».

À l’unanimité, le conseil d’administration de Costco a recommandé à ses actionnaires de voter contre cette résolution. Le groupe estime que ses efforts en matière de DEI l’aident à attirer et à retenir un large éventail d’employés, et à améliorer les produits et les services dans ses magasins. Des équipes diversifiées contribuent aussi à apporter de l’originalité et de la créativité à l’offre de marchandises. De plus, la direction pense que beaucoup de ses clients aiment se reconnaître dans les personnes avec lesquelles ils sont en contact dans les entrepôts de l’entreprise.

Le conseil affirme que le NCPPR dissimule son véritable programme anti-diversité sous le couvert de la réduction des risques. Dans sa réponse, il précise que « le promoteur [de la résolution] se dit préoccupé par les risques juridiques et financiers que les initiatives de diversité font courir à l’entreprise et à ses actionnaires ». « La déclaration justificative démontre que c’est le promoteur et d’autres qui sont responsables des contraintes imposées aux entreprises en remettant en cause les programmes de diversité instaurés depuis longtemps. Plus largement, le programme du promoteur ne vise pas à réduire les risques pour l’entreprise, mais à abolir les initiatives de diversité. »

Le NCPPR a déposé le même type de projet de résolution à l’ordre du jour de l’assemblée générale d’Apple, qui doit se tenir le 25 février prochain. Là aussi, la compagnie demande à ses actionnaires de voter contre cette proposition. Elle la juge inutile, car le groupe dispose déjà d’un programme de conformité bien établi. Le conseil d’administration d’Apple pense également que cette proposition porte atteinte de manière inappropriée à la capacité de la société à mener ses opérations ordinaires, à conduire ses stratégies et à gérer ses équipes.