Créée en 1978, la célèbre marque de glaces américaine Ben & Jerry’s est réputée pour ses prises de positions sur les sujets de société, notamment sur le climat, le mariage des couples de même sexe, la question des réfugiés ou la Palestine. La firme a été reprise en 2000 par le groupe Unilever, mais elle a conservé une certaine autonomie, y compris dans sa liberté de parole.
Pourtant, en 2021, une rupture a eu lieu entre Unilever et Ben & Jerry’s après que cette dernière a annoncé qu’elle cesserait de vendre ses produits en Cisjordanie occupée par Israël, parce que cela n’était pas cohérent avec ses valeurs. Le fabricant de glaces a ensuite poursuivi Unilever pour avoir vendu ses activités en Israël à l’homme d’affaires Avi Zinger, son franchisé dans ce pays qui lui permettait ainsi de continuer la commercialisation de ses produits en Cisjordanie et en Israël. Ce procès a été réglé à l’amiable en 2022.
Mais, le 13 novembre 2024, Ben & Jerry’s a lancé une nouvelle action en justice auprès d’un tribunal de New York contre sa maison mère, accusant cette dernière d’avoir violé les termes d’un accord confidentiel conclu en 2022. Dans le cadre de ce compromis, Unilever est tenue de « respecter et de reconnaître la responsabilité principale du conseil d’administration indépendant de Ben & Jerry’s sur la mission sociale de Ben & Jerry’s ».
Ben & Jerry’s reproche à Unilever de tenter de l’empêcher de faire des déclarations publiques en faveur des réfugiés palestiniens dans le conflit à Gaza. Elle prétend aussi que sa maison mère a menacé de démanteler son conseil d’administration et de poursuivre les administrateurs à ce sujet. Le fabricant de glaces a déclaré qu’il avait essayé d’appeler à un cessez-le-feu à Gaza, de soutenir le passage en toute sécurité des réfugiés palestiniens vers la Grande-Bretagne, d’appuyer les étudiants qui protestent dans les universités américaines contre la mort de civils à Gaza et de plaider pour un arrêt de l’aide militaire américaine à Israël. Ben & Jerry’s affirme qu’« Unilever a fait taire chacun de ces efforts ».
Unilever était également tenue, en vertu de l’accord, de verser un total de 5 millions de dollars à Ben & Jerry’s pour que la marque fasse des dons aux groupes de défense des droits humains de son choix. Le fabricant de glaces a sélectionné, entre autres, Jewish Voice for Peace (JVP) et la section de la région de la baie de San Francisco du Conseil des relations américano-islamiques. En août 2024, Unilever s’est opposée à ces sélections, affirmant que JVP était « trop critique envers le gouvernement israélien ».