Le 5 juin dernier à New York, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a appelé les médias d’information et technologiques à cesser de favoriser la « destruction planétaire » en acceptant l’argent de la publicité provenant des énergies fossiles. Selon lui, les entreprises de combustibles fossiles sont les « parrains du chaos climatique » et devraient être interdites de publicité dans tous les pays, à l’instar des restrictions imposées aux grandes entreprises de tabac.
C’est dans cet esprit que, le 12 septembre 2024, la ville néerlandaise de La Haye a adopté un règlement qui prévoit de prohiber la publicité dans les rues de la ville (sur les panneaux d’affichage, les abribus, etc.) pour les produits et les services liés aux combustibles fossiles et ayant une empreinte carbone élevée (l’essence, le diesel, l’aviation, les bateaux de croisière…). Ce règlement, qui a pris deux ans avant d’être voté, concerne la publicité financée tant par les deniers publics que par les fonds privés, et entrera en vigueur début 2025. Il est juridiquement contraignant. Il ne couvre cependant pas la communication institutionnelle de l’industrie des combustibles fossiles ni les publicités qui font la promotion générale d’une marque. La Haye est la première ville à mettre en place une telle réglementation.
Certaines villes ont déjà restreint la diffusion des produits et services à forte teneur en carbone, mais en adoptant des motions municipales à portée limitée ou en concluant des accords avec les agences de communication. En mai dernier, le conseil municipal d’Édimbourg a ainsi proscrit la publicité pour les entreprises du secteur des combustibles fossiles, les compagnies aériennes, les aéroports, les voitures à combustion interne, les bateaux de croisière et les armes sur les espaces publicitaires appartenant à la municipalité. Il est également interdit aux sociétés qui vendent ces produits de sponsoriser des événements ou de conclure d’autres partenariats de cette nature dans la capitale écossaise.
L’initiative prise par La Haye est un encouragement pour d’autres campagnes similaires menées dans le monde, notamment à Toronto (Canada) et à Graz (Autriche). Un tel règlement a aussi été proposé à Amsterdam. La capitale néerlandaise et la ville voisine de Haarlem ont déjà imposé des interdictions sur les produits qui contribuent au dérèglement climatique, comme la viande, sans toutefois les transposer dans la réglementation.