Selon un rapport récent de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le pourcentage d’adolescents européens utilisant les réseaux sociaux de manière problématique est passé de 7 à 11 % entre 2018 et 2022. Ces jeunes ont du mal à contrôler leurs impulsions sur ces plates-formes, sont préoccupés par les médias sociaux lorsqu’ils ne sont pas en ligne et se sentent angoissés quand ils ne peuvent pas être connectés. L’enquête a été réalisée auprès de mineurs âgés de 11, 13 et 15 ans dans 44 pays d’Europe, d’Asie centrale et du Canada en 2022.
Le rapport indique aussi que 32 % des jeunes sont presque toujours en ligne sans toutefois présenter de symptômes d’utilisation problématique (utilisateurs « intensifs »), 44 % sont des utilisateurs actifs, et 12 % sont rarement connectés. Les médias sociaux ont des effets complexes sur le bien-être des jeunes. Certains chercheurs ont constaté que les utilisateurs problématiques éprouvaient un mal-être mental et social, et étaient davantage exposés au tabac, à l’alcool ou à la consommation de cannabis. L’étude souligne également qu’un tiers des adolescents jouent quotidiennement en ligne, et que 22 % d’entre eux s’adonnent à cette activité au moins quatre heures par jour.
L’OMS recommande donc aux autorités nationales d’améliorer les environnements numériques et les mesures éducatives pour permettre aux mineurs d’appréhender en toute sécurité le monde numérique. En attendant, sous la pression des autorités, mais aussi à cause des poursuites judiciaires intentées par des parents, des institutions scolaires et des États, les plates-formes commencent à réagir. Ainsi, le 17 septembre 2024, Instagram (Meta) a (enfin) dévoilé une nouvelle politique censée protéger ses jeunes utilisateurs.
Désormais, les utilisateurs de moins de 18 ans auront des « comptes adolescents » qui, par défaut, ne seront pas visibles publiquement. Ceux de moins de 16 ans devront obtenir l’autorisation d’un parent pour modifier ces paramètres, et les parents disposeront de plus de 30 outils pour surveiller les activités de leurs enfants. L’application désactivera également les notifications le soir et incitera les mineurs à se déconnecter après une heure d’utilisation. Cette décision intervient alors que le Congrès étatsunien étudie de nouvelles réglementations radicales auxquelles s’opposent Meta et d’autres entreprises du secteur. Ces lois obligeraient les firmes technologiques à mettre en œuvre des politiques protégeant la sécurité des enfants.
Parallèlement, le gouvernement australien a indiqué le 10 septembre qu’il envisageait d’instaurer un âge minimum pour l’utilisation des réseaux sociaux par les enfants. Avant d’introduire une loi, le Premier ministre Anthony Albanese a déclaré que son gouvernement allait procéder à des tests pour déterminer cet âge limite, qui serait probablement fixé entre 14 et 16 ans. Cette loi ferait de l’Australie l’un des premiers pays au monde à imposer une limite d’âge sur les réseaux sociaux. La profession a répliqué en disant que les mineurs pourraient alors être encouragés à dissimuler leur activité en ligne et à rejoindre des espaces numériques de moindre qualité, voire clandestins.