Le dialogue actionnarial semble entrer dans une phase relationnelle plus agressive

Le 21 janvier 2024, ExxonMobil a saisi la justice pour empêcher un dépôt de « résolution climatique » à son assemblée générale par l’association néerlandaise Follow This. Devant le risque financier, l’ONG a abandonné son projet. Cette entorse à une démarche de dialogue actionnarial, pourtant bien établie outre-Atlantique, a eu pour effet apparent de priver les deux principales chevilles ouvrières de la posture du groupe pétrolier (Joseph L. Hooley et Darren W. Woods) de plusieurs millions de voies lors de leur réélection au conseil d’administration de la société.

Les relations semblent aussi se tendre en France, puisqu’en préambule des 98 pages de réponses apportées à des questions écrites d’actionnaires, TotalEnergies laisse entendre que les questions qui lui sont posées à l’occasion de son assemblée générale pourraient constituer « un abus de droit, que la jurisprudence applicable sanctionne ». Pourtant, ces échanges sont une source d’information précieuse, sans doute unique au monde, disponible pour tous les actionnaires, effectifs ou potentiels, et ce, quel que soit leur nombre d’actions, même s’ils poursuivent accessoirement d’autres objectifs. Certains émetteurs, d’ailleurs, ne s’y trompent pas et reconnaissent que cette pratique les pousse à l’excellence.