Les grandes banques étatsuniennes ne sont pas encore en mesure de modéliser de manière fiable leurs risques climatiques

La Réserve fédérale des États-Unis, la Fed, a demandé à six grandes banques étatsuniennes (JPMorgan Chase, Bank of America, Wells Fargo, Goldman Sachs, Morgan Stanley et Citigroup) dans quelle mesure elles pouvaient modéliser leur exposition aux conditions météorologiques extrêmes et à une transition énergétique propre. Elle a publié les résultats de ce premier test le 9 mai 2024.

La Fed avait réclamé aux banques de mesurer selon deux scénarios l’impact de la transition énergétique sur leurs portefeuilles d’immobilier commercial et de prêts aux entreprises. Le premier considérait que les gouvernements n’étaient pas parvenus à renforcer leurs politiques climatiques. Dans le second, le monde avait réussi à limiter le réchauffement climatique. L’agence avait également demandé aux banques de modéliser la manière dont leurs portefeuilles immobiliers résidentiels et commerciaux se comporteraient face à des ouragans de force variable dans le Nord-Est ainsi qu’après une autre catastrophe que chaque banque pourrait choisir

Les banques se sont heurtées à deux problèmes majeurs. Tout d’abord, elles ont fait face à un déficit d’informations détaillées concernant les propriétés. Elles ne disposent en effet d’aucune donnée sur la façon dont sont construits les bâtiments qu’elles financent, par exemple si leur toit est en asphalte ou en bois, ou si leurs fenêtres peuvent résister à des vents violents. Les banques se sont donc appuyées sur des hypothèses et sur des études universitaires fondées sur des événements passés. Par ailleurs, les six banques ont déclaré qu’elles ne connaissaient pas le détail des polices d’assurance, notamment les franchises et le coût de remplacement des biens qui seraient détruits. Cela les a aussi obligées à se reposer sur des hypothèses concernant les coûts que les assureurs couvriraient et ceux qu’elles paieraient elles-mêmes.

Le manque de maturité de la modélisation des risques climatiques a présenté un autre obstacle. Les banques ont annoncé qu’elles s’étaient appuyées sur des entreprises spécialisées dans la modélisation climatique, parce qu’elles ne disposaient pas, pour l’instant, de modèles ou d’expertise en interne. La modélisation des risques climatiques est très complexe et nécessite des données qui n’existent pas actuellement.

En conclusion, les banques ont éprouvé des difficultés pour évaluer la manière dont elles seraient affectées par des « scénarios climatiques », car la modélisation des risques en est à ses balbutiements, et de nombreuses données cruciales ne sont pas encore disponibles. Les six établissements ont déclaré à la Fed qu’ils prévoyaient de prendre des mesures pour répondre avec plus de précision aux menaces financières du changement climatique.