La suggestion que la SBTi pourrait prendre en compte les crédits carbone pour valider les objectifs climatiques des entreprises fait réagir en externe et en interne

L’initiative Science Based Targets (SBTi) a été créée en 2015, après la signature de l’accord de Paris. Elle est considérée par le monde des affaires comme la référence pour définir et certifier les objectifs de décarbonation des entreprises, car elle fixe ces objectifs sur la base d’une limitation de l’augmentation du réchauffement de la planète à 1,5 °C.

Dans un communiqué du 9 avril, SBTi a déclaré avoir révisé son référentiel à destination des entreprises en matière de neutralité carbone nette. Dans ce communiqué, l’organisation indique que les certificats environnementaux, qui incluent les crédits carbone, pourront être utilisés pour compenser les émissions de scope 3, dès lors qu’ils sont correctement étayés par des politiques, des normes et des procédures fondées sur des preuves scientifiques.

Le scope 3 représente généralement la majeure partie de l’empreinte carbone d’une entreprise, mais il s’agit du type d’émissions le plus difficile à réduire, car il échappe au contrôle opérationnel direct d’une société. Selon le Boston Consulting Group, plus de 80 % d’entre elles n’auraient pas d’objectif de réduction de leur scope 3 approuvé par la SBTi. Mais jusqu’à présent, cette dernière n’autorisait pas les entreprises à utiliser les crédits carbone pour compenser leurs émissions. L’organisation a cependant précisé qu’elle ne s’impliquerait pas dans le processus controversé de validation de la qualité des crédits carbone.

L’annonce de la SBTi a été saluée par les entreprises et les organisations concernées par la certification des crédits carbone. À l’inverse, les ONG environnementales ont critiqué la décision. Pour elles, la possibilité de compenser les émissions de scope 3 par des crédits carbone est un retour en arrière. La priorité doit être de réduire les rejets de GES, non pas de les dissimuler derrière des compensations carbone douteuses, dont la qualité et l’efficacité restent très contestées. De même, le 10 avril, un groupe d’employés de la SBTi a adressé une lettre au conseil d’administration de l’organisation exprimant sa profonde préoccupation à propos de cette décision et réclamant la démission des membres qui avaient soutenu le changement de politique, de même que celle du directeur général.

Devant cette levée de boucliers, le 19 avril 2024, le conseil d’administration de la SBTi a tenu à rassurer en précisant que « la déclaration du conseil du 9 avril était une orientation stratégique pour davantage explorer le rôle que les certificats environnementaux pourraient, dans le cadre du processus de révision de la norme Net Zero de la SBTi, jouer dans l’atténuation du changement climatique ». Le conseil a aussi indiqué qu’il prévoyait de proposer en juillet un document à la discussion sur les changements potentiels, avant la phase de rédaction de la norme mise à jour. Par ailleurs, toute modification apportée au référentiel sera effectuée conformément à la procédure opérationnelle standard de l’organisation.