Le traité pour la protection des océans n’est toujours pas entré en vigueur. Certains États se préparent déjà à exploiter les grands fonds

Les océans recouvrent la plus grande partie de la surface de la planète. Leur volume d’eau est considérable. Pourtant, ils sont l’objet de nombreuses menaces, parmi lesquelles la pollution (marées noires, plastiques…), la surpêche et la pêche illégale (plus du tiers des stocks de poisson sont surexploités) ainsi que l’exploitation minière des fonds marins. En 2023, 87 États membres de l’ONU et l’Union européenne ont adopté un traité mondial pour la protection des océans. Pour autant, à ce jour, seuls deux d’entre eux l’ont ratifié (le Chili et Palaos) ; or, il doit l’être par au moins 60 États pour entrer en vigueur.

Cependant, pendant ce temps, certains États se préparent à une exploitation des grands fonds marins. C’est le cas de la Norvège, dont le Parlement a autorisé la possibilité d’accorder des licences d’exploration minière en haute mer le 9 janvier 2024. C’est aussi le cas de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. En mars 2017, la société canadienne Nautilus Minerals avait annoncé qu’elle débuterait l’exploitation de sa première mine sous-marine (Solwara 1) en 2019 dans la mer de Bismarck, au large des côtes de ce pays.

Mais, le 24 août 2023, un groupe d’îles mélanésiennes baptisé Melanesian Spearhead Group (Groupe Fer de lance mélanésien), parmi lesquelles la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a signé la déclaration d’Udaune. Celle-ci instaure un moratoire sur l’exploitation minière en haute mer dans les eaux territoriales des pays membres du groupe. De fait, cette décision portait un sérieux coup au projet Solwara 1.

La société Deep Sea Mining Finance a repris les droits de Nautilus Minerals en 2019. Et elle semble agir en sous-main pour relancer le projet Solwara 1. Par ailleurs, des déclarations de la part des autorités laissent également à penser qu’elles envisageaient de renouveler la licence d’exploitation, ne serait-ce que pour préserver la valeur de la part que l’État détient dans le projet. Mais ces discussions se déroulent dans une grande opacité et maintiennent les communautés locales à l’écart, ignorant ainsi le principe de consentement libre, préalable et éclairé (CLPE).