Le groupe Carrefour établit des relations musclées avec ses fournisseurs, mais pas toujours dans le même esprit

Dernièrement, les presses française et internationale se sont largement fait l’écho de la décision du groupe Carrefour de suspendre la vente des marques du groupe PepsiCo pour protester contre la hausse des prix réclamée par l’entreprise. Cette décision très médiatisée s’inscrit dans le cadre d’une négociation commerciale entre les industriels de l’agroalimentaire et la grande distribution. Ce type de bras de fer justifié par le contexte inflationniste est beaucoup plus rare lorsqu’il s’agit de faire pression sur une grande marque à propos de ses performances sociales et environnementales.

De même, les grandes enseignes sont plus discrètes quand les « négociations » ont lieu avec des fournisseurs de plus petite taille, a fortiori lorsqu’elles sont menées par leurs franchisés. Le 19 décembre 2023, l’Autorité de la concurrence kenyane (Competition Authority of Kenya – CAK) a annoncé avoir infligé une amende de 1,1 milliard de shillings (6,4 millions d’euros) au groupe émirati Majid Al Futtaim (MAF), titulaire exclusif de la franchise Carrefour dans le pays. Il s’agit de la plus importante sanction jamais imposée dans le pays. La CAK accuse la chaîne d’avoir abusé de sa position dominante pour imposer au moins 3 types de remises non négociables sur les achats de deux fournisseurs et d’avoir demandé à ces derniers de livrer gratuitement les produits pour chaque nouvelle succursale ouverte.

Les deux fournisseurs sont Woodlands Company Ltd, qui approvisionne les magasins de détail à travers le pays en miel d’abeille naturel raffiné du comté de Kitui, et Pwani Oils Ltd, qui produit des biens de consommation (huiles, produits de soins pour la peau, savons…). MAF a déclaré qu’il faisait appel de la décision de la CAK.