Le 19 novembre 2020, un homme noir est décédé dans le parking souterrain d’un hypermarché Carrefour de Porto Alegre (Brésil) après avoir été battu à mort par deux agents de sécurité. Ces derniers étaient des hommes blancs travaillant pour la société brésilienne Vector, agissant comme prestataire du groupe. Les faits sont survenus après que l’homme, qui faisait ses courses en compagnie de son épouse, s’est disputé avec une employée du magasin. La scène, d’une violence inouïe, a été filmée par un passant et diffusée sur les réseaux sociaux, ce qui a déclenché des scènes de saccage et des manifestations dans plusieurs supermarchés Carrefour du pays.
Après ce drame, le président du groupe, Alexandre Bompard, a pris des mesures vis-à-vis de la société de sécurité et du responsable du magasin, promis un bilan complet des actions de formation des salariés, et versé des indemnités à la famille de la victime et à la société brésilienne.
Mais, le 10 septembre 2023, l’organisme de presse Blast a publié une enquête qui décrit les faits de racisme concernant le groupe au Brésil. Blast cite plusieurs cas de passage à tabac, un viol, une personne décédée subitement et cachée derrière des caisses pour éviter de fermer le magasin à une heure d’affluence, etc. dans plusieurs magasins de l’enseigne. À chaque fois, les victimes étaient des personnes noires. Les derniers cas ont fait grand bruit au Brésil, au point que le président du pays, Luiz Inácio Lula da Silva, s’est exprimé lors d’une réunion ministérielle, en déclarant officiellement que le groupe Carrefour ne pouvait pas commettre de délits de racisme au Brésil.
Les journalistes de Blast ont interrogé plusieurs personnalités françaises et brésiliennes (juristes, sociologues, chercheurs, membres d’associations de défense des droits humains). Leurs conclusions sont que les cas de racisme au sein du groupe ne sont pas isolés, que celui-ci n’a pas pris la mesure du problème, et que les actions lancées à la suite de la tragédie de 2020 étaient tout à fait insuffisantes.