Le recyclage du plastique est à l’origine de rejets de volumes considérables de microplastiques dans la nature

Réduire les rejets de plastiques dans la nature est une priorité mondiale. Si rien n’est fait, la production de ces substances devrait tripler d’ici 2060. C’est dans ce contexte que se tient actuellement à Paris la deuxième session de négociations du traité mondial pour la dépollution plastique. L’injection de matière recyclée dans l’offre fait partie des solutions. Du berceau à la tombe, le recyclage mécanique, par exemple, permettrait de réduire les émissions de GES de 30 à 40 % par rapport aux polymères issus de combustibles fossiles. Or, à l’échelle mondiale, environ 9 % seulement des déchets plastiques sont recyclés. Les facteurs sont multiples : la diversité des plastiques, le manque d’infrastructures de collecte, mais aussi l’absence de volonté.

Mais une étude publiée dans le numéro de mai du Journal of Hazardous Material Advances montre que les opérations de broyage, de déchiquetage et de lavage appliquées aux déchets en plastique entrant dans les installations de recyclage pourraient transformer entre 6 et 13 % de ces matériaux en microplastiques. L’analyse s’appuie sur une étude de cas menée dans une usine de recyclage de plastiques mixtes ultramoderne au Royaume-Uni capable de traiter annuellement 22 680 tonnes de déchets. Les chercheurs ont évalué les microplastiques dans les eaux usées avant et après l’installation de filtres. Même avec des filtres, l’étude a révélé que le processus de recyclage pouvait encore laisser jusqu’à 1 366 tonnes de microplastiques par an (2 933 tonnes avant filtration). Elle a mesuré les particules dont la taille est supérieure à 1,6 micron. Les chercheurs ont également détecté des microplastiques dans l’environnement atmosphérique du site et ont préconisé que ces rejets fassent l’objet de recherches complémentaires, car leur inhalation présente un risque pour les poumons.

On trouve ces microplastiques dans le sang et le placenta humains par exemple, et pratiquement partout sur la planète. Les produits chimiques qu’ils contiennent sont associés à de graves effets sur la santé (génétique humaine, développement du cerveau, reproduction…). Le plus souvent, ces particules sont évacuées avec les eaux usées. Mais pour l’instant, en dehors des microplastiques qui constituent des ajouts intentionnels à des produits, il n’existe de réglementation visant à contrôler ces rejets ni en Europe ni aux États-Unis. Au mieux, les installations municipales retiennent les particules à partir d’une certaine taille. Elles laissent passer les plus fines, qui sont souvent les plus dangereuses pour la santé. Par ailleurs, les microplastiques capturés par les systèmes de filtration se retrouvent dans les boues d’épuration qui sont généralement utilisées comme engrais. Ils contaminent ainsi les sols et rejoignent les cours d’eau à cause des pluies…