Le 16 mai 2023, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a publié un nouveau rapport intitulé Turning off the Tap: How the world can end plastic pollution and create a circular economy. Le document rappelle que chaque année, le monde produit environ 430 millions de tonnes de plastiques. Si la tendance se poursuit, ce volume devrait tripler d’ici 2060. Par ailleurs, une grande partie du polymère produit est destinée à des produits à courte durée de vie ou à usage unique. Le rapport soutient que le volume de déchets plastiques « mal gérés » (susceptibles de se disséminer dans la nature) pourrait être réduit de 80 %. En 2040, cette quantité pourrait ainsi être ramenée de 227 millions de tonnes si aucun changement n’est apporté, à 41 millions de tonnes si les mesures préconisées par le PNUE étaient mises en place.
Le PNUE estime qu’il faudrait en premier lieu éliminer les plastiques inutiles et favoriser le développement des contenants réutilisables ainsi que la réparation des anciens produits afin de prolonger leur durée de vie. Ce levier permettrait de réduire de 30 % la pollution au plastique. Deuxièmement, il conviendrait d’accélérer le recyclage des déchets plastiques pour ajouter 20 % supplémentaires. L’utilisation de matériaux alternatifs contribuerait à cette réduction à hauteur de 17 %, à condition bien sûr de s’assurer que ces solutions soient vraiment durables et ne déplacent pas le problème. Tout cela nécessitera des actions politiques fortes (programmes de reprise, obligation d’utiliser des plastiques recyclés, fin des subventions aux énergies fossiles, taxation des polymères vierges, recherche sur les matériaux alternatifs durables…).
Tout cela coûtera très cher. Mais le PNUE estime que les économies globales pourraient s’élever à 4 500 milliards de dollars (réduction des coûts liés à la fabrication des polymères, revenus plus élevés provenant des matériaux recyclés, réduction des coûts environnementaux et de santé…). Le rapport ajoute que ce nouveau modèle de fonctionnement pourrait créer 700 000 emplois supplémentaires d’ici 2040. Malgré les besoins de financement, le PNUE met aussi en garde contre l’utilisation des crédits plastiques (les entreprises paient des organismes spécialisés pour coordonner la collecte des déchets). Ces nouveaux mécanismes sont mal définis et manquent de transparence. Ils pourraient aussi soumettre les collecteurs de déchets informels à la fluctuation des prix des matériaux qu’ils récoltent et à l’insécurité de leurs revenus.