Jeudi 4 mai 2023, 15 h 00. L’assemblée générale mixte de Schneider Electric a débuté par une courte vidéo d’introduction du groupe. À la suite des formalités d’usage, Jean-Pascal Tricoire a entamé une présentation de trois quarts d’heure, parcourant la scène de long en large et rendant ainsi son allocution vivante. Cette assemblée était sa dernière en tant que directeur général de la société. Après avoir assuré cette fonction pendant vingt ans, il passe le relais à Peter Herweck. Il conserve toutefois la présidence du groupe.
Une session de questions-réponses a débuté à l’issue des différentes présentations et s’est poursuivie pendant 50 minutes. Une douzaine d’actionnaires se sont succédé pour interroger le président de séance sur la stratégie du groupe et ses perspectives. Les intervenants n’ont pas manqué d’éloges pour souligner l’action de Jean-Pascal Tricoire à la tête de l’entreprise durant toutes ces années. Des questions ont cependant porté sur la politique de rachat d’actions de Schneider Electric. Cette thématique est assez nouvelle dans les questions orales des actionnaires. Elle pourrait se rapprocher d’une préoccupation qui monte en puissance dans les esprits, celle du partage de la valeur.
La session de questions-réponses s’est achevée par l’interrogation d’une jeune actionnaire et militante écologiste. Celle-ci a questionné le président sur la participation de Schneider Electric au très controversé projet EACOP (exploitation de pétrole opérée par TotalEnergies en Ouganda et acheminement de l’huile par oléoduc à travers la Tanzanie). L’entreprise apporte des équipements pour la supervision et la sécurité de l’installation, et lui fournit son infrastructure électrique.
Jean-Pascal Tricoire a répondu sur plusieurs points. Il a d’abord tenu à rappeler que la mission de Schneider Electric consiste à décarboner les opérations de ses clients, et notamment celles de TotalEnergies dans le cadre de ce projet. Il a ensuite précisé que sa société avait commandité un prestataire extérieur pour vérifier si les allégations des ONG (déplacements non consentis de populations, menaces, atteintes à la biodiversité, etc.) étaient exactes. Selon lui, les résultats de l’audit ont montré que les accusations n’étaient pas fondées. Enfin, il a souligné que les commanditaires de ce projet étaient les États (Ouganda et Tanzanie) et qu’il n’existait probablement pas de plan de remplacement.
Il n’est cependant pas certain que les réponses apportées satisfassent les opposants au projet EACOP. Tout d’abord parce que les émissions évitées grâce à la mobilisation du savoir-faire de Schneider Electric seront loin de compenser les rejets qui résulteront de la mise à jour des nouvelles ressources pétrolières. De plus, le développement de nouveaux champs pétroliers et gaziers va non seulement à l’encontre des recommandations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), mais crée aussi un appel d’air pour les combustibles fossiles qui ne favorise pas une inversion de la demande, bien au contraire.
Il convient également de préciser que les investigations menées sur place ont eu lieu plusieurs années après le lancement du projet. Entre-temps, la situation sur le terrain a pu être « aménagée », comme cela avait été le cas lorsque l’ancien ministre français Bernard Kouchner avait visité certaines installations de Total en Birmanie. De manière à rendre plus « objectives » les informations émanant du terrain, TotalEnergies a d’ailleurs entrepris de former les journalistes locaux dès le mois de janvier 2019. Pour finir, il est important de rappeler qu’en matière d’exploitation minière et pétrogazière, les intérêts des États ne sont pas toujours alignés sur ceux des populations. De nombreux exemples montrent qu’à cause d’une mauvaise évaluation des recettes futures, de détournements de ressources et de corruption, c’est souvent l’inverse qui se produit.