Régler des problèmes sociaux ou environnementaux chez soi, et les exporter chez les autres est une mauvaise habitude que l’on rencontre fréquemment. Parvenir à des règles nationales, régionales ou internationales, et attendre plusieurs années avant qu’elles ne se concrétisent est aussi très répandu. Les négociations pour protéger la haute mer ont abouti à un accord le 4 mars 2023. Le traité est historique, mais il va désormais falloir le mettre en œuvre, ce qui est une autre affaire. De plus, de nombreux aspects liés à la santé des océans ne sont pas intégrés à l’accord (du moins pas directement). Parmi ces questions, il y a celles de la grande pêche et de l’exploitation minière des grands fonds marins.
Le premier sujet a déjà fait quelques vagues en France à la suite de la déclaration, le 8 mars 2023, du secrétaire d’État chargé de la mer. Devant le Sénat, Hervé Berville a en effet affirmé que « la France – le gouvernement – [était] totalement opposée […] à la mise en œuvre de l’interdiction des engins de fond dans les aires marines protégées ». Des propos qui vont à l’encontre des ambitions affichées par la Commission européenne.
De son côté, l’association française Bloom a annoncé le 6 mars 2023 qu’elle avait saisi le Conseil d’État contre l’attitude de l’État français qui favorise la surpêche dans l’océan Indien. Elle a également appelé le Tribunal administratif à se prononcer sur le refus de l’administration française de transmettre des données clés sur le contrôle des navires thoniers français ainsi que sur le nombre et la localisation des dispositifs de concentration de poissons (DCP) en Afrique. Dans le même temps, elle a publié un rapport qui montre l’absence de contrôles des flottes de pêche au thon par la France.
En ce qui concerne l’exploitation minière des grands fonds marins, de nombreux États ont pour le moment pris position contre cette activité ; la France est l’une d’entre eux. L’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) a ouvert une nouvelle session de négociations internationales le 16 mars 2023 à Kingston (Jamaïque). Celle-ci se terminera le 31 mars, et une autre session s’engagera en juillet 2023. Les associations demandent au président français Emmanuel Macron de mobiliser la diplomatie française pour rallier une majorité de gouvernements au bloc de ceux qui sont contre l’exploitation des grands fonds marins par l’industrie minière.