Des chercheurs proposent une taxe relativement modeste sur les plus riches pour alimenter le mécanisme des pertes et dommages des pays pauvres

In extremis, la COP27 s’est achevée le 26 novembre 2022 sur une avancée qui était attendue de longue date : la création d’un mécanisme de financement des pertes et dommages pour les pays les plus vulnérables. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) considère que d’ici 2030, entre 160 et 340 milliards de dollars seront chaque année nécessaires pour répondre aux besoins d’adaptation climatique des pays en développement. Mais il estime aussi que ce flux financier est actuellement entre cinq et dix fois moins élevé que cette fourchette.

Partant de ce constat, le World Inequality Lab, codirigé par l’économiste français Thomas Piketty, a fait une proposition consignée dans un rapport publié le 30 janvier 2023. Cette suggestion consiste à appliquer une taxe mondiale « relativement modeste » aux individus possédant plus de 100 millions de dollars. Cela permettrait de collecter 295 milliards de dollars par an. Cet impôt, baptisé « 1.5 per cent for 1.5 degree », affecterait les 65 000 personnes les plus riches du monde (soit 0,001 % de la population mondiale). En d’autres termes, le fonds climatique mondial pourrait être alimenté sans qu’il ne coûte quoi que ce soit à 99,999 % de la population mondiale. Cette taxe varierait entre 1,5 %, pour les actifs compris entre 100 millions et 1 milliard de dollars, et 3 % pour ceux supérieurs à 100 milliards de dollars.

Il est peu probable qu’un accord mondial puisse être obtenu sur ce projet dans un avenir proche. Aussi les auteurs proposent-ils que cet « impôt sur la fortune » soit initié par un sous-ensemble de pays sans qu’il soit nécessaire de parvenir à un consensus lors des négociations sur le climat.

Ce mécanisme repose sur l’idée qu’il faut annuler les inégalités mondiales sur la question climatique. Les pays du Sud – en particulier les populations à faible revenu de ces pays – supportent en proportion les plus importantes pertes de revenus provoquées par les aléas climatiques. Pour autant, ils contribuent à la plus faible part des émissions mondiales et ont les capacités les plus limitées pour financer les efforts destinés à atténuer les conséquences du changement climatique. Outre cet impôt progressif sur la fortune, le rapport propose d’autres politiques climatiques comme la suppression des subventions aux combustibles fossiles et des transferts monétaires ciblés.