Le groupe suisse Holcim (anciennement LafardeHolcim) est le leader mondial du marché cimentier. Le 30 janvier 2023, 4 habitants de l’île de Pulau Pari (Indonésie) ont intenté une action civile auprès du tribunal cantonal de Zoug (Suisse) contre la société. Elle fait suite à une audience de conciliation qui s’est déroulée en octobre 2022, mais qui s’est terminée sans résultat. Les plaignants estiment que la firme fait trop peu pour réduire ses émissions de GES et que cette inaction met en danger leur île et ceux qui y vivent. C’est la première fois qu’une entreprise suisse est assignée devant un tribunal pour répondre de son rôle dans le changement climatique. Plusieurs ONG appuient cette action dans le cadre de la campagne Call for Climat Justice.
Pour les demandeurs, à cause du changement climatique, le niveau de la mer monte. Lors des tempêtes, leur île, dont l’élévation au-dessus du niveau de la mer ne dépasse pas 9 mètres, est de plus en plus souvent inondée. Cela menace leurs moyens de subsistance ainsi que ceux des 1 500 personnes qui habitent là-bas. Cette conviction est confirmée par une étude qui prouve que les dégâts sur l’île de Pari sont dus au réchauffement climatique.
Holcim est l’une des 50 plus importantes sociétés émettrices de CO2 de la planète. Selon une étude datant de juillet 2022, entre 1950 et 2021, la compagnie suisse a rejeté plus de 7 milliards de tonnes de CO2. Cela représente 0,42 % de l’ensemble des émissions industrielles mondiales depuis 1750. Par conséquent, Holcim porte une part de responsabilité considérable dans la crise climatique et dans la situation sur l’île de Pari.
En ce qui concerne l’avenir, les plaignants remarquent que les ambitions climatiques d’Holcim sont loin d’être suffisantes pour atteindre celles de l’accord de Paris visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Ce constat s’appuie sur une analyse de la stratégie actuelle du groupe datant de janvier 2023. Holcim fait trop peu pour réduire ses émissions et a engagé son processus bien trop tard. L’entreprise prévoit principalement de diminuer ses émissions par tonne de ciment au lieu de se fixer des objectifs en quantité absolue.
Les plaignants demandent une compensation pour les dommages climatiques qu’ils ont subis proportionnelle à la contribution d’Holcim au dérèglement climatique. Ils exigent aussi que la firme participe financièrement aux mesures de protection contre les inondations. De plus, ils souhaitent qu’elle réduise ses émissions de CO2 de 43 % d’ici 2030 et de 69 % d’ici 2040 par rapport à 2019. Cela lui permettrait d’être conforme aux objectifs de l’accord de Paris pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.