Le 19 décembre 2021, Gabriel Boric a remporté les élections présidentielles chiliennes face à son rival d’extrême droite, José Antonio Kast (IE n° 358). Lors de sa campagne électorale, il avait fortement insisté sur son intention de redonner à l’État la mainmise sur la destinée minière du pays et de mettre fin aux projets qui nuisent gravement à l’environnement. Comme il ne détenait pas une majorité claire au Congrès, le pari n’était pas gagné d’avance.
Le 14 mai 2022, lors de la dernière journée de vote, l’Assemblée constituante (Asamblea constituyente) chargée de rédiger le texte qui servira de support à la nouvelle Constitution du Chili a d’ailleurs rejeté plusieurs réformes à propos de l’industrie minière. Initialement, l’article 27 du document, qui en comprend 499, accordait à l’État des droits miniers exclusifs sur le lithium, les métaux rares et les hydrocarbures ainsi qu’une participation majoritaire dans les mines de cuivre. Malgré les variantes mises aux voix par la Commission de l’environnement, la proposition a été refusée.
Quelques dispositions importantes ont cependant été adoptées. L’assemblée a ainsi autorisé que des déclarations sur « l’accès équitable et non discriminatoire à l’énergie » soient inscrites dans la Constitution. Par ailleurs, les plages seront désormais des terrains qui ne pourront être préemptés. Le territoire antarctique chilien sera protégé, et les glaciers, les zones protégées, celles déclarées comme telles par la législation pour des raisons de protection des bassins hydrographiques, etc. ne pourront être sujets aux activités minières. Les paysans et les peuples indigènes pourront utiliser et échanger les semences traditionnelles. Le texte reconnaît aussi les peuples autochtones, leurs droits et leur autonomie dans ce pays qui a toujours nié leur existence. Le projet doit encore être harmonisé par une commission spéciale. Il sera ensuite soumis à un référendum le 4 septembre pour tenter d’enterrer la Constitution actuelle héritée de la dictature de Pinochet.