Faut-il rester ? Faut-il partir de Russie ? La question est-elle légitime du point de vue de la responsabilité d’une entreprise ? Si l’on considère que réaliser des opérations économiques dans un pays, c’est créer de la valeur, alors il convient de se demander à qui profite cette valeur créée. Aux populations (avec un partage qui n’est pas toujours équitable) ? Aux personnes qui décident de la politique du pays et qui augmentent ainsi leurs moyens pour consolider leur pouvoir ? Souvent aux deux, et là aussi avec une répartition qui peut être déséquilibrée. Ce constat justifie fréquemment un certain « attentisme » de la part des entreprises, comme cela a été le cas en Birmanie pendant des décennies. En Afrique du Sud, le retrait des sociétés à partir de la moitié des années 1980 a déstabilisé les milieux d’affaires domestiques. Il aura toutefois fallu attendre le début des années 1990 pour voir les dernières lois d’apartheid abolies. Mais soyons francs, les intérêts purement économiques ne sont jamais absents des prises de décision. Quoi qu’il en soit la question doit être posée et des réponses apportées, ne serait-ce que pour des raisons éthiques et de réputation. C’est dans cette logique que l’organisation à but non lucratif The Good Lobby a lancé, début mars, un « indice » (Ukraine Corporate Index) qui recense les positions des grandes entreprises sur leurs activités en Russie.