Alors que la plupart des banques occidentales mettent en place des mesures pour se retirer du charbon, les banques asiatiques tardent encore à aller fermement dans cette direction. C’est le cas des banques philippines. Ainsi, la Bank of the Philippine Islands (BPI) est le deuxième financeur du charbon dans le pays, avec 62 % de son portefeuille énergétique concerné par ce combustible. Néanmoins, au cours d’une conférence de presse virtuelle organisée le 29 janvier 2022, l’évêque de Kidapawan a indiqué que la Conférence des évêques catholiques des Philippines (CBCP) allait utiliser sa position d’actionnaire dans les banques nationales pour exiger de leur part des politiques et des plans visant à « éliminer progressivement leur exposition au charbon, au gaz fossile et aux énergies destructrices en adéquation avec l’ambition 1,5 °C ». En l’absence d’engagement et de politiques clairs, elle se retirerait de ses établissements au plus tard en 2025.
L’Église catholique philippine joue un rôle de premier plan dans le débat public du pays. Elle a suscité des protestations contre la récente levée du moratoire sur l’exploitation des mines à ciel ouvert et a exprimé ouvertement son opposition au développement des centrales à charbon dans le pays. Mais elle est aussi un grand investisseur. L’archevêché de Manille est actuellement considéré comme le cinquième actionnaire de la BPI. Les archidiocèses de Jaro, Iloilo et Zamboanga sont également d’importants actionnaires de la banque. La CBCP a ajouté qu’elle orienterait les ressources de l’Église vers les énergies renouvelables ainsi que dans la restauration et la protection écologiques, et qu’elle se détournerait des industries extractives forestière et minière. Elle a aussi précisé qu’elle n’accepterait aucun don de la part de propriétaires, d’exploitants et de tout représentant des industries extractives (charbon, gaz fossile, mines, carrières, exploitation forestière…), et ce, quelle que soit la taille des exploitations.