La COP26 a laissé un goût amer. Elle a validé le fait que, devant l’immensité de la tâche, la communauté internationale ne s’est pas encore transformée en lièvre pour rattraper son retard. Pour autant, certaines annonces méritent d’être soulignées, méditées et encouragées. C’est le cas de la déclaration conjointe de plusieurs pays donateurs (Allemagne, États-Unis, Norvège, Pays-Bas et Royaume-Uni) sur la tenure forestière des peuples indigènes et des autres communautés locales. Cette déclaration reconnaît la contribution de ces populations à l’atténuation du changement climatique et les menaces croissantes qui pèsent sur les terres qu’elles détiennent de manière collective.
En plus de préserver la biodiversité et d’offrir d’autres avantages collectifs précieux, ces terres séquestrent et stockent le carbone dans le sol et la biomasse. Ainsi, les forêts et autres « solutions climatiques naturelles » pourraient participer de 37 % à la réduction nécessaire d’émissions de dioxyde de carbone d’ici 2030, selon une étude publiée en 2017 par la revue étatsunienne Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
La plupart des experts estiment que les peuples autochtones et les autres communautés locales constituent le plus grand groupe mondial de propriétaires fonciers privés et gèrent au moins la moitié des terres dans le monde (publiquement reconnues, détenues de façon coutumière…). Ces terres font vivre plus de deux milliards de personnes, soit environ un quart de la population mondiale. Toutefois, seulement 10 % d’entre elles sont légalement reconnues comme appartenant aux peuples autochtones ou à d’autres communautés locales. La proportion officiellement enregistrée et/ou documentée par un certificat ou un titre foncier est encore inférieure à ce chiffre. En conséquence, elles sont susceptibles d’être confisquées par les gouvernements et les entreprises. Pourtant, les peuples autochtones et autres communautés locales bénéficiant d’une sécurité foncière s’occupent généralement de leurs terres de manière durable. Les résultats sont aussi bons, voire meilleurs, que ceux obtenus par les zones gérées par le gouvernement telles que les parcs.
L’enregistrement et la documentation des droits fonciers coutumiers sont donc essentiels. Pour les peuples autochtones et autres communautés locales, le coût pour protéger leurs terres est souvent élevé, y compris en vies humaines. De nombreux défenseurs des terres et de l’environnement sont tués chaque année. Ainsi, en 2020, ce sont deux cent vingt-sept d’entre eux qui ont été assassinés. Mais les démarches (arpentage, cartographie, enregistrement…) sont elles aussi très complexes, coûteuses et longues. À l’inverse, les coûts de la sécurisation des terres pour les gouvernements sont relativement faibles au regard de la valeur des services écosystémiques apportés. Ils le sont également par rapport aux frais générés par d’autres méthodes de gestion des forêts (comme la plantation d’arbres) ou par la mise en place de chaînes d’approvisionnement volontaires visant la « zéro déforestation » ou de techniques de capture et de stockage du carbone liées aux centrales à charbon ou au gaz naturel.
Dans leur déclaration, les donateurs se sont engagés à apporter 1,7 milliard de dollars entre 2021 et 2025 pour soutenir les peuples autochtones, les autres communautés locales et diverses activités dans le but de sécuriser, renforcer et protéger leurs droits sur les terres et les ressources naturelles.