Selon la BCE, les banques européennes n’ont pas encore mis en place les outils pour faire face aux risques climatiques

La Banque centrale européenne (BCE) a demandé aux banques d’améliorer « de toute urgence » leurs plans visant à protéger leurs activités contre les risques liés au changement climatique. Cette consigne fait suite à une évaluation qui a duré sept ans et qui a révélé des lacunes généralisées dans l’approche des bailleurs de fonds face à l’accroissement des risques climatiques et environnementaux. La BCE a constaté qu’aucune banque n’était en mesure de répondre à ses attentes et que ces dernières pourraient éventuellement être confrontées à des besoins en capital plus élevés.

Les risques les plus importants pour les banques proviennent de leur exposition aux entreprises énergétiques qui ne sont pas suffisamment actives pour évoluer vers des activités plus durables et aux secteurs à forte intensité énergétique tels que l’aviation. Les prêts accordés à la construction ou à l’acquisition de bâtiments trop énergivores constituent également un risque dans la mesure où la valeur de revente de ces bâtiments pourrait être inférieure aux attentes.

L’étude de la BCE s’est concentrée sur cent douze banques dont les actifs cumulés s’établissent à vingt-quatre mille milliards d’euros. La moitié seulement d’entre elles ont déclaré que le changement climatique aurait un impact matériel sur leurs activités au cours des trois à cinq prochaines années. Par ailleurs, aucune des banques qui a signalé des risques climatiques immatériels n’a mené d’analyse suffisante de ces risques. La BCE souligne aussi l’absence de tests de résistance qui auraient pour but d’évaluer l’impact de divers « scénarios climatiques » sur leurs activités ainsi qu’une planification inconsistante de l’évolution de leurs modèles commerciaux en vue de les rendre plus résilients au changement climatique.

Sasja Beslik, responsable du développement durable chez PFA, le plus grand fonds de pension danois (plus de quatre-vingts milliards d’euros d’actifs sous gestion), ne s’attend pas à ce que les établissements bancaires apportent des améliorations majeures à leurs stratégies de gestion des risques climatiques « avant d’avoir subi des pertes financières ». Il pense que « les banques reflètent l’économie réelle. [Or,] l’économie réelle n’est pas durable, donc le mode de fonctionnement des banques n’est pas durable. »

La BCE a cependant relevé quelques points positifs. Les deux tiers des banques ont ainsi fait des progrès significatifs dans la prise en compte du risque climatique dans leurs décisions d’octroi de prêt, en mettant en place une diligence raisonnable sur les risques climatiques des emprunteurs ou en supprimant progressivement les prêts accordés à quelques-unes des industries les plus exposées. La BCE publiera un rapport sur la divulgation des risques climatiques par les banques au cours du premier trimestre 2022. Elle prévoit également d’élargir son examen de leur stratégie, de leur gouvernance et de leur gestion des risques concernant le changement climatique au premier semestre de l’année prochaine.