Jakarta est régulièrement classée parmi les villes les plus polluées au monde. Les experts estiment que la mauvaise qualité de l’air provoque 5,5 millions de cas de maladie chaque année et génère 6 800 milliards de roupies (410 millions d’euros) en coûts de santé. Dans une décision rendue le 16 septembre 2021, le tribunal du district central de Jakarta a déclaré que le gouvernement indonésien était responsable de la pollution atmosphérique causée par les millions de véhicules à moteur et par les centrales à charbon des provinces voisines de Banten et de Java occidental. Cette action en justice fait suite à une plainte déposée par trente-deux citoyens indonésiens défendus par le Jakarta Legal Aid Institute. Il s’agit du premier procès en matière de pollution de l’air en Indonésie. Le juge présidant le tribunal, Saifuddin Zuhri, a estimé que le gouvernement avait « violé la loi » en ne respectant pas le droit des citoyens à bénéficier d’un air sain. Parmi les mesures ordonnées par le tribunal figure une mise à jour de la norme nationale sur la qualité de l’air.
Dans ses nouvelles lignes directrices sur les principaux polluants de l’atmosphère, publiées le 22 septembre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère comme nocive l’exposition aux particules fines PM2,5 à des concentrations supérieures à 15 microgrammes par mètre cube (μg/m3) durant une période de vingt-quatre heures. La norme nationale indonésienne, en vigueur jusqu’en 2020, était plus de quatre fois plus élevée (65 μg/m3). Cette norme a été revue à la baisse en 2021, mais elle demeure très insuffisante (55 μg/m3). Le tribunal a également exigé que des améliorations soient apportées à la qualité de l’air de Jakarta et a demandé que son gouverneur, Anies Baswedan, propose une stratégie pour atténuer la pollution de l’air. Le gouvernement dispose de quatorze jours à compter de la date du jugement pour interjeter appel.