Peu à peu, les banques et les compagnies d’assurance occidentales (surtout européennes) se retirent du charbon. Cela enchérit le financement des différentes étapes de son exploitation au bénéfice, notamment, des énergies propres. Les pays asiatiques, en particulier la Chine, sont encore en retrait de ce mouvement et exportent leurs technologies dans les pays en développement. Premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, la Chine est le plus gros bailleur de fonds de nouveaux projets charbonniers dans ces États. Mais les choses pourraient évoluer rapidement, comme le laissaient présager plusieurs signaux ces derniers mois (voir IE). Et le discours préenregistré du président chinois Xi Jinping le 21 septembre 2021 lors de l’Assemblée générale des Nations unies l’atteste. « La Chine intensifiera son soutien aux autres pays en développement dans le développement d’énergies vertes et à faible émission de carbone, et ne construira pas de nouveaux projets d’électricité au charbon à l’étranger », a-t-il spécifié. Cette déclaration a été saluée par la communauté internationale et, surtout, par les ONG qui, à travers cet engagement, voient se rapprocher la fin de l’ère du charbon. Le dirigeant chinois n’a cependant fourni aucune précision concernant la date à laquelle cette décision prendrait effet.
Il ne s’est pas non plus prononcé quant à un désengagement progressif du charbon à l’échelle nationale. Ce combustible contribue à près de 60 % du mix électrique du pays, et les gouvernements provinciaux chinois ont approuvé la construction de vingt-quatre nouveaux projets de centrales à charbon au premier semestre 2021, d’après une étude de l’association Greenpeace. La Chine aurait aussi pris part à 65 % des projets financés sur fonds publics dans le monde depuis 2013, principalement dans les pays en développement comme l’Indonésie, le Viêt Nam, le Pakistan, l’Afrique du Sud, l’Inde ou le Bangladesh. Elle dispose d’un portefeuille de plus de 40 gigawatts en phase de préconstruction dans vingt États, selon un rapport de l’organisation E3G.
Les principales banques chinoises ayant participé au financement de centrales à l’étranger au cours de la décennie écoulée sont l’Export Import Bank of China (14 milliards de dollars), la China Development Bank (10 milliards), l’Industrial and Commercial Bank of China (6 milliards) et la Bank of China (3,5 milliards), d’après l’organisation écologiste australienne Market Forces. Cela étant, les investissements extérieurs chinois dans le charbon ont très sensiblement chuté ces dernières années. De plus, en 2020, les investissements de la Chine dans les énergies renouvelables au sein des pays intégrés à sa stratégie infrastructurelle « Belt and Road » ont, pour la première fois, dépassé ceux réalisés dans les combustibles fossiles. Au premier semestre 2021, la Chine n’a financé aucun projet de charbon (énergétique et minier) dans les États de la « Belt and Road », selon les données de l’American Enterprise Institute.