Une étude de l’ONG InfluenceMap du 9 juin 2021 montre que le secteur de l’aviation est devenu l’un des plus farouches opposants à la politique climatique européenne. Cela se traduit par une stratégie de lobbying intensive pour s’opposer aux principales politiques nationales et européennes sur cette question (intégration du secteur aérien dans le système d’échange de quotas d’émission de l’Union, taxes sur le kérosène, taxes sur les billets d’avion…). De plus, de nombreuses compagnies aériennes ont lancé de vastes campagnes de relations publiques vantant les vols « verts » ou à « faible émission de carbone » ainsi que les mesures de compensation afin de détourner les préoccupations grandissantes des gouvernements et du public concernant l’empreinte climatique du secteur. Parallèlement, les dix compagnies aériennes couvertes par l’étude ont accepté environ 30 milliards d’euros d’aides gouvernementales depuis le début de la crise sanitaire.
Ce constat est particulièrement préoccupant alors que, dans le cadre du Green Deal, la Commission européenne doit annoncer, en juillet 2021, sa politique pour décarboner l’aviation. Le rapport couvre les dix plus importantes compagnies aériennes européennes en matière d’émissions de GES ainsi que les deux plus grands constructeurs aéronautiques mondiaux (Airbus et Boeing). L’étude intègre également deux associations professionnelles (International Air Transport Association et Airlines for Europe). De plus, l’industrie intervient au plan mondial, au niveau de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), pour que le programme de compensation CORSIA soit préféré aux politiques visant une réduction des émissions de l’aviation en valeur absolue. Les auteurs du rapport appellent les investisseurs à s’engager dans un dialogue actionnarial actif pouvant aller jusqu’au dépôt de projets de résolutions autour des questions de « lobbying climatique », comme cela a été le cas en 2021 aux États-Unis à l’encontre de United Airlines et de Delta Air Lines.