Les batailles de mandats se multiplient dans les assemblées générales en Europe

Le mouvement d’actionnaires néerlandais Follow This a déposé un projet de résolution à l’ordre du jour de l’assemblée générale de BP qui doit se tenir le 12 mai 2021. Tout en reconnaissant les progrès faits par la compagnie depuis 2019 en matière de climat, Follow This affirme que les objectifs de cette dernière ne sont pas encore totalement alignés sur l’accord de Paris. Aussi, les actionnaires qui soutiennent ce projet demandent à BP de réaliser un nouveau rapport sur sa stratégie et ses politiques sous-jacentes pour atteindre des objectifs conformes à l’accord de Paris, ainsi que sur les progrès réalisés. La direction du groupe pétrolier a recommandé de voter contre la résolution. Elle souligne notamment que la nouvelle politique de BP est cohérente avec les objectifs de Paris et que voter en faveur de la résolution externe l’obligerait à réexaminer sa stratégie fraîchement approuvée.

Cette joute a fait ressortir une autre passe d’armes, entre investisseurs cette fois. Le Climate Action 100+ (CA100+) réunit plus de 570 investisseurs représentant quelque 54 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Le CA100+ s’est en particulier fixé comme mission de promouvoir et de faciliter les actions d’engagement sur la question climatique vers 167 entreprises. Anne Simpson, directrice générale des investissements, de la gouvernance et de la durabilité du fonds de pension californien CalPERS, longtemps réputé pour son activisme actionnarial, assure la présidence tournante du comité de pilotage du CA100+. Or, CalPERS a annoncé qu’il voterait contre le projet de résolution présenté par Follow This. Cette position a choqué les coalitions d’actionnaires les plus engagées et a fait dire à certains que la décision de CalPERS reflétait l’hypocrisie de la plupart des investisseurs sur le climat.

Anne Simpson a justifié la position de CalPERS en précisant que cela ne signifiait pas que le fonds estimait que l’action de BP sur le climat était convenable et en expliquant que la compagnie s’était déjà engagée auprès des actionnaires à poursuive le développement de sa stratégie climatique en ligne avec les objectifs de l’accord de Paris. Par ailleurs, elle a ajouté que si les réponses concrètes s’avéraient insuffisantes, la prochaine étape serait de voter contre le renouvellement des mandats des membres du conseil d’administration. D’autres investisseurs devraient rejoindre la position de CalPERS et il est peu probable que le projet de résolution externe recueille un pourcentage très significatif de suffrages. Néanmoins, quoi qu’il en soit, ces « querelles », que l’on a pu observer lors de l’assemblée générale du groupe Total en 2020, devraient participer au relèvement (par à-coups) du niveau d’exigence à l’égard de la politique climatique des sociétés.