Le 23 novembre, le site Vice-Motherboard a révélé le contenu de plusieurs dizaines de rapports internes d’Amazon. Ces documents montrent, dans les moindres détails, la « surveillance obsessionnelle » que l’entreprise exerce sur les mouvements syndicaux, sociaux et environnementaux en Europe. Les rapports ont été rédigés en 2019 par des analystes d’Amazon qui travaillent pour le Global Security Operations Center (GSOC), la division de sécurité de l’entreprise chargée de protéger les employés, les fournisseurs et les actifs d’Amazon dans le monde entier. Ces équipes bénéficient aussi des investigations menées par des employés de l’agence de détective Pinkerton (une filiale de la société de sécurité suédoise Securitas AB) pour recueillir des renseignements sur les employés travaillant dans les entrepôts, y compris en infiltrant ses sites comme à Wroclaw (Pologne) en 2019. Les équipes du GSOC reçoivent, notamment, des mises à jour régulières sur les activités syndicales dans les entrepôts qui incluent la date exacte, l’heure, le lieu, la source qui a signalé l’action, le nombre de participants et une description de ce qui s’est passé lors de ces événements (grève, distribution de tracts…). Christy Hoffman, secrétaire générale de la fédération syndicale internationale UNI Global Union, s’insurge de ces méthodes consistant à « exporter vers l’Europe des tactiques antisyndicales américaines du XIXe siècle ». Amazon utilise aussi les médias sociaux pour suivre l’activisme environnemental et les mouvements sociaux en Europe (Greenpeace, Fridays For Future, Gilets jaunes…) qu’elle considère comme des menaces pour ses opérations. Pour suivre les manifestations et autres activités syndicales, les agents de renseignement d’Amazon créent des comptes sur les médias sociaux avec des faux noms et dépourvus de photos pour suivre l’activité en ligne des travailleurs menant les efforts de syndicalisation.