Il aura fallu six ans au Qatar pour réformer (partiellement) son droit du travail en ce qui concerne les migrants. Six années de pressions internationales sur le pays, le comité olympique, les entreprises impliquées en amont de l’événement, comme la société Vinci. Il aura aussi fallu attendre plusieurs décennies pour voir une agence de régulation financière américaine reconnaître officiellement que le climat constitue un risque à part entière pour la finance. Et aujourd’hui, ce sont les manifestations antiracistes qui mettent en lumière les risques d’atteinte aux droits individuels générés par la reconnaissance faciale, qu’elle soit utilisée par des services publics ou par des entreprises privées. Le chemin est long pour hisser les objectifs humains, sociaux et environnementaux au même niveau que les objectifs économiques. Il est d’autant plus ardu que chaque solution semble apporter avec elle son lot de nouvelles difficultés. Les techniques de capture et de stockage du carbone pourraient ainsi menacer la sécurité alimentaire de dizaines de millions de personnes supplémentaires dans le monde. « There is no finish line », comme le scandait il y a quelques années une célèbre marque d’articles de sport. Mais c’est peut-être cela la RSE : l’art de repousser les limites toujours plus loin.