Le groupe Canal+ (filiale de Vivendi) est doté d’un dispositif garantissant la fiabilité, la crédibilité, la rigueur et l’indépendance de l’information. Mais les limites de cette indépendance ne sont pas toujours faciles à saisir. Le 23 juin dernier, l’actrice Annabelle Lengronne était invitée pour l’enregistrement de l’émission Ciné Le Mag présentée par Claire Diao et diffusée sur Canal+ Afrique le 11 juillet. A la suite de la question posée par l’animatrice « Quelle femme noire est pour vous source d’inspiration ? », Annabelle Lengronne a répondu « Assa Traoré », la sœur d’Adama Traoré, mort par asphyxie en juillet 2016 lors de son interpellation par la gendarmerie française. Depuis, Assa Traoré milite pour que justice soit rendue à son frère et contre les violences policières. A l’évocation du nom d’Assa Traoré, Frédéric Dezert, le directeur des programmes de la chaîne, est intervenu sur le plateau en disant : « On ne parle pas d’Assa Traoré ici. » L’interview a été interrompue et coupée au montage. Par la suite, Frédéric Dezert s’est justifié en précisant que ce n’était pas de la censure, qu’« Assa Traoré [était] un sujet franco-français et n’avait aucun rapport avec le cinéma ou notre public africain ». Cet incident est intervenu dans un contexte déjà tendu entre la production et les journalistes. Claire Diao a annoncé sa démission, ainsi que celle de son équipe le 17 juillet. Dans une interview accordée à RFI le 21 juillet, elle précise que « la censure qui a eu lieu n’est pas acceptable ».