Le 30 juillet 2020, une plainte a été déposée auprès du groupe de travail des Nations unies sur le commerce et les droits humains et du rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté et les droits de l’Homme par plusieurs associations (dont l’ONG néerlandaise SOMO) et par le cabinet d’avocats Leigh Day au nom de 218 salariés et résidents de la plantation de thé Kericho d’Unilever, dans l’ouest du Kenya (qui emploie plus de 10 % de la main-d’œuvre mondiale de l’entreprise). En décembre 2007, lors des troubles post-électoraux, des groupes d’assaillants avaient envahi la plantation, attaquant des centaines de travailleurs et leurs familles en raison de leur appartenance ethnique. Sept personnes ont été tuées lors de ces attaques, d’autres ont été violées et gravement blessées. Les survivants souffrent toujours de blessures physiques et psychiatriques.
Les plaignants reprochent à Unilever d’avoir exposé les victimes à un important risque d’attaque contre les plantations sans leur fournir l’assistance adéquate. Ils accusent également le groupe de n’avoir apporté aux victimes aucune aide appropriée et d’avoir suspendu leur salaire pendant six mois après les événements. Ils critiquent enfin la société pour avoir repoussé toute demande de réparation et cherché à bloquer toute perspective d’accès à un recours lors d’une action civile en dommages-intérêts intentée contre Unilever en Angleterre en 2016. L’entreprise a insisté sur le fait qu’elle ne pouvait être tenue juridiquement responsable des défaillances de sa filiale kényane. La Haute Cour de Londres, la Cour d’appel, puis la Cour suprême ont souscrit à cette thèse. Les victimes invitent les procédures spéciales des Nations unies à demander à Unilever la possibilité d’un recours effectif et à publier une déclaration selon laquelle Unilever n’a pas respecté les Principes directeurs.