La première partie de la saison des assemblées générales des sociétés du CAC 40 (i.e. celles dont la date n’a pas été repoussée du fait des mesures sanitaires) est presque achevée. Seule l’assemblée générale de Saint-Gobain, qui se tient traditionnellement tard dans la saison, n’a pas encore eu lieu au moment de la publication de ces lignes. Les assemblées se sont déroulées à huis clos. Leur qualité a été inégale. Les quorums semblent globalement avoir atteint de très bons niveaux. De nombreux actionnaires ont adressé des questions écrites aux conseils d’administration. L’assemblée de Total figurait parmi les réunions d’actionnaires les plus attendues. Elle opposait en effet la position annoncée récemment par la compagnie en matière d’engagements climatiques – à la suite des discussions qu’elle avait menées avec certains de ses grands actionnaires –, et celle soutenue par une coalition d’investisseurs par le biais du dépôt d’une résolution plus exigeante et non agréée par le conseil d’administration (IE n° 323).
Le président de Total, Patrick Pouyanné, a longuement justifié la position du groupe. Il a aussi précisé qu’il privilégiait, dans son approche, le dialogue avec les investisseurs, accusant au passage les actionnaires à l’origine de la résolution externe de n’avoir dévoilé son contenu qu’au moment du dépôt du projet. Cette affirmation semble cependant inexacte au vu des informations recueillies par Impact Entreprises. Un communiqué du groupe indique que la résolution externe « a été rejetée à une très large majorité (83,2 %) des actionnaires ». Cette appréciation n’est cependant pas partagée par tous les observateurs, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, parce que le pourcentage de voix favorables (16,8 %) est loin d’être négligeable dans un pays où le dépôt de résolutions externes est très rare. Ensuite, parce qu’il ne tient pas compte des abstentions [à l’heure où nous écrivons ces lignes, 2 juin 2020, le décompte précis n’est pas encore publié – NDLR]. Enfin, parce que selon certaines sources, BNP Paribas AM, qui a conduit les discussions avec Total pour aboutir aux nouveaux engagements et ambitions climatiques du groupe, se serait abstenu sur cette résolution. De toute évidence, le débat n’est pas clos, en particulier pour ce qui est de l’importance à accorder au scope 3 dans la politique de Total (indépendamment de l’évolution de la demande et des politiques gouvernementales) et du choix des indicateurs pertinents (volume ou intensité carbone).