La pandémie de Covid-19 progresse très rapidement en Inde (plus de 100 000 personnes étaient déjà infectées au 19 mai). Pour la freiner, le gouvernement a lancé, le 2 avril, son application Aarogya Setu. Comme de nombreuses applications déployées dans le monde, Aarogya Setu utilise les signaux Bluetooth sur les smartphones pour être en mesure de prévenir rapidement les personnes ayant eu un contact étroit avec une personne testée positive. Mais l’application utilise également des données de localisation GPS pour créer une base de données centralisée de la propagation de l’infection – une approche écartée par la plupart des pays pour des raisons de confidentialité. Par ailleurs, elle reproduit le système de code QR chinois grâce à une fonctionnalité évaluant l’état de santé probable d’une personne en indiquant si elle est saine, à haut risque ou porteuse du virus.
En outre, début mai, le gouvernement fédéral a rendu obligatoire l’utilisation de l’application pour tous les employés des secteurs public et privé reprenant le travail, suscitant de vives critiques de la part des défenseurs des droits numériques. Le ministère des chemins de fer a, de son côté, ordonné à tous les voyageurs de télécharger Aarogya Setu avant de débuter leur trajet. Selon une circulaire publiée par le ministère indien de la Technologie le 11 mai, le National Informatics Center (NIC), l’agence gouvernementale qui a développé Aarogya Setu, est également libre de partager les données personnelles de l’application avec les ministères et les institutions de santé publique. L’Internet Freedom Foundation (IFF), un groupe de défense des droits numériques basé à New Delhi, a souligné que le système pourrait ainsi être utilisé pour créer des bases de données gouvernementales permanentes contenant des informations personnelles sensibles sur les citoyens indiens. Le ministère de la Technologie a affirmé que les informations ne seraient utilisées « que pour gérer les interventions médicales nécessaires ». Jusqu’à présent, près de 100 millions d’utilisateurs de smartphones indiens ont téléchargé l’application. Mais le 14 mai, le gouvernement a publié une version de l’application pour 5 millions d’utilisateurs du JioPhone compatible Internet. Le déploiement couvrira bientôt les quelque 95 millions d’utilisateurs JioPhone restants.