Dans le contexte de la crise sanitaire actuelle, la Commission européenne a lancé, le 8 avril, une large consultation pour renouveler sa stratégie sur la finance durable. Cette consultation s’appuie sur de nombreux rapports antérieurs. Dans son introduction, elle précise qu’il « est important – maintenant plus que jamais – de faire face aux multiples menaces, souvent en interaction, auxquelles sont exposés les écosystèmes et la faune sauvage – afin de se protéger contre le risque de futures pandémies – et de préserver et renforcer leur rôle en tant que puits de carbone et dans l’adaptation au climat ».
Les 102 questions couvrent des thèmes variés : l’indication, par les investisseurs institutionnels ou les établissements de crédit, du scénario que leurs portefeuilles financent en termes d’augmentation de la température ; l’attribution d’une plus grande importance à la perte de biodiversité dans l’agenda de l’Union sur la finance responsable ; la promotion de la mise en place d’une base de données publique sur les informations extra-financières des sociétés ; l’élaboration de labels (ESG ou verts) par l’Union ; l’intégration de critères relatifs à la réduction des émissions de GES dans la rémunération variable des dirigeants d’entreprise…
Mais parallèlement, la Commission a sélectionné le premier gestionnaire d’actif privé mondial, BlackRock, pour l’accompagner dans sa réflexion sur la manière dont l’Union pourrait intégrer au mieux les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans sa supervision du secteur bancaire. Ce choix fait polémique compte tenu de la conversion très récente du géant américain à la prise en compte active de critères ESG dans la gestion financière, des risques de conflit d’intérêts dus à la présence du groupe dans le capital de nombreuses grandes sociétés mondiales, notamment dans les hydrocarbures et les banques, et de son obstruction toujours vive aux projets de résolution liés au climat émanant d’actionnaires.