Avec l’explosion des solutions nécessitant un stockage d’énergie, certains minerais, comme le lithium, font l’objet d’une forte demande. Celle-ci incite les constructeurs automobiles à sécuriser leurs approvisionnements. Mais le développement de ces nouvelles matières premières devenues ultra-stratégiques met aussi en évidence des contraintes sociales et environnementales. Le splendide désert d’Atacama au Chili – le désert non polaire le plus aride au monde – renferme des écosystèmes très fragiles pour lesquels l’eau est une denrée particulièrement précieuse. Mais ce désert est aussi la première région productrice de lithium et il excite les convoitises. La question mobilise les écologistes et les communautés locales, car les sociétés minières utilisent l’eau stockée dans le sous-sol pour leur procédé de traitement du lithium, maintenu en suspension dans la saumure.
Saisi par des communautés indigènes, un juge chilien a rejeté, en décembre dernier, le plan d’expansion d’une mine de lithium située dans le nord du désert et qui appartient au chilien SQM, le numéro 2 mondial du secteur. Le régulateur chilien (la Superintendencia del Medio Ambiente, SMA) a depuis fait appel de la décision. Toutefois, pour les constructeurs automobiles, cet événement n’est pas passé inaperçu. En décembre, une équipe de Volkswagen, qui prévoit de fabriquer 1,5 million de véhicules électriques d’ici à 2025, s’est rendue dans la région afin d’évaluer l’impact social et environnemental des opérations minières. Du coup, les sociétés minières se montrent plus attentives. On a ainsi appris récemment que l’entreprise américaine Albemarle, le plus grand producteur mondial de lithium, avait déposé discrètement en décembre une proposition pour constituer un réseau de surveillance des variations des réservoirs aquifères contenus dans le sous-sol du désert.