Le concept d’économie circulaire a investi le monde des affaires. Toutefois, sans nier les efforts engagés par les différents acteurs, au-delà du concept, les progrès en la matière sont lents et la pression exercée sur les ressources naturelles diminue peu. Tout d’abord, parce que tous les déchets ne sont pas recyclables en l’état actuel des technologies, à tout le moins à un niveau de qualité acceptable. Ensuite, parce que les contraintes économiques rendent encore souvent ces démarches peu attractives. Cela aboutit parfois à des situations paradoxales, comme l’attente que les gisements de déchets (et par voie de conséquence le volume de ressources vierges consommées) soient suffisamment conséquents pour engager des actions significatives s’intégrant dans un principe d’économie circulaire. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de rappeler que les progrès réalisés sur ce terrain ne se mesurent pas uniquement au volume des déchets collectés ou à la part de matériaux recyclés injectés dans le cycle de production. Il faut également évaluer les quantités de matières vierges consommées. Le groupe de réflexion néerlandais Circle Economy vient de publier une étude (The Circularity Gap Report 2020) sur ce sujet. Selon ses calculs, l’économie mondiale ne serait aujourd’hui circulaire qu’à hauteur de 8,6 % (alors qu’elle l’était à 9,1 % il y a deux ans). Cette tendance négative peut s’expliquer par trois facteurs : un taux d’extraction élevé, la constitution de stocks, un faible niveau de traitement et de recyclage en fin de vie. Bref, la culture de l’économie linéaire est encore profondément ancrée dans les mentalités. Le rapport souligne également qu’en 2017, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la consommation mondiale de ressources naturelles (minerais, métaux, combustibles fossiles, biomasse) a dépassé 100 milliards de tonnes, dont 8,65 milliards seulement étaient des matières recyclées.