Les collectivités cherchent à attirer les entreprises sur leur territoire, car leur présence génère des revenus supplémentaires et accroît le niveau de vie des habitants. Cela étant, elle augmente aussi le coût de la vie. En quelques décennies, les géants de la Silicon Valley ont créé des centaines de milliers d’emplois bien rémunérés en Californie. Mais, depuis un moment, ils sont également accusés d’avoir amplement contribué à l’augmentation du coût du logement dans les grandes villes de l’Etat. Apple n’échappe pas à ces critiques. La valeur médiane des maisons à San Jose (proche de Cupertino, le siège social de la firme) a ainsi été multipliée par deux depuis 2012, pour atteindre 1 million de dollars selon la société immobilière américaine Zillow, et le nombre de sans-abri a progressé de 42 % en deux ans. C’est dans ce contexte que la firme a annoncé, le 4 novembre, qu’elle allait consacrer 2,5 milliards de dollars à atténuer la crise du logement en Californie.
Le plan comprend notamment des prêts à long terme d’une valeur de 150 millions de dollars, des subventions pour le logement abordable dans la région de la baie de San Francisco, un don de 50 millions de dollars pour lutter contre le « sans-abrisme » et la mise à disposition d’un terrain de 16 ha à San Jose pour construire des logements abordables. Cette somme s’ajoute aux efforts annoncés respectivement en juin et en octobre dernier par Google (IE n° 304) et Facebook qui ont prévu d’octroyer chacun 1 milliard de dollars en prêts et subventions. Ces initiatives tendent à réduire les « effets secondaires » que le succès de ces entreprises a générés. Au regard de l’ampleur de la crise, ce ne représentera toutefois qu’une toute petite partie. Cela dépendra également des avantages que ces fonds procureront réellement (niveaux des taux d’intérêt, la facilité d’accès aux prêts et aux aides…). La question se pose d’autant plus clairement qu’Apple dispose de moyens considérables. L’an dernier, l’entreprise a en effet pu, grâce à la nouvelle législation fiscale, rapatrier aux Etats-Unis une partie des 252 milliards de dollars qu’elle détenait à l’étranger et qu’elle cherche maintenant à réinvestir.