De nombreuses grandes entreprises de l’agroalimentaire se sont engagées à totalement éliminer de leurs approvisionnements, à brève échéance, l’huile de palme qui serait à l’origine de la déforestation ou de la destruction d’habitats naturels. Pour ce faire, elles déploient des processus de contrôle qui remontent leur chaîne d’approvisionnement. Le problème est que ces dispositifs reposent souvent sur une base documentaire et qu’ils semblent encore loin d’être exhaustifs. Aussi les investigations qui procèdent à des vérifications en commençant par l’autre bout de la chaîne mettent-elles souvent en évidence les failles des systèmes.
L’association Rainforest Action Network (RAN) a ainsi récemment mené une enquête au cours de laquelle elle a pisté des camions et réalisé des interviews de terrain aux alentours de la réserve naturelle de Rawa Singkil (sur l’île de Sumatra en Indonésie), surnommée « la capitale mondiale des orangs-outans ». Cette enquête a révélé que deux usines d’extraction d’huile de palme situées à proximité de la réserve avaient été approvisionnées par une plantation illégalement implantée dans la réserve depuis 2013. Elle montre aussi que ces deux huileries sont inscrites sur la liste des fournisseurs de Golden Agri-Resources (GAR) et que l’une d’elles est liée à Musim Mas, deux importantes sociétés dont le siège social est situé à Singapour et qui approvisionnent, directement ou indirectement, des grandes marques comme Unilever, Nestlé, PepsiCo, Mondelez ou Kellogg’s. GAR et Musim Mas démentent les accusations de RAN tout en reconnaissant qu’elles ne sont pas encore parvenues à tracer totalement l’origine de leur huile. Il est cependant probable que les marques internationales vont examiner de près les preuves apportées par les deux sociétés singapouriennes.