Le travail des enfants est un scandale qui fait souvent réagir l’opinion. Mais, dans de nombreux cas, cette situation résulte des conditions de travail des adultes. Bénéficiant de rémunérations très insuffisantes pour vivre dignement, ces derniers sont, la plupart du temps, astreints à des horaires de travail qui dépassent largement les limites inscrites dans les conventions de l’Organisation internationale du travail. Par ailleurs, leurs employeurs leur accordent rarement la possibilité de s’organiser librement en syndicats, ce qui réduit considérablement la possibilité de défendre leurs droits et de rééquilibrer la situation. Dans les pays en développement, les contrats courts, éventuellement renouvelables, font partie des « techniques » fréquemment utilisées par les employeurs pour peser sur les coûts salariaux et entraver la capacité des ouvriers à rejoindre un syndicat. Cela se vérifie notamment dans l’industrie de l’habillement au Cambodge.
Mais récemment, la commission d’arbitrage sur les litiges relevant du droit du travail du Royaume a rendu un avis clarifiant l’article 67 du code du travail sur les contrats de travail à durée déterminée et précisant les cas où ils doivent être transformés en contrats permanents. L’avis a été validé mi-mai par le ministère du Travail et de la Formation professionnelle. Il devrait notamment avoir pour conséquence de « reclassifier » les contrats de 408 salariés de la société taïwanaise Roo Hsing Garment Co. Ltd en contrat à durée indéterminée. Trois grandes marques clientes de l’usine (Levi’s, H&M et GAP) – qui peinent à convaincre pleinement de l’efficacité des efforts qu’elles déploient pour améliorer la situation des travailleurs de leurs sous-traitants – ont apporté leur soutien à la décision et indiqué qu’elles demanderaient à tous leurs fournisseurs cambodgiens de se conformer à l’avis de la commission. Leur réaction devrait accélérer la diffusion de nouvelles pratiques dans le pays.