Le 15 mars, des actionnaires de la société minière anglo-australienne Rio Tinto, coordonnés par l’organisation à but non lucratif Market Forces, ont déposé un projet de résolution à l’ordre du jour de l’assemblée générale qui doit se tenir le 9 mai à Melbourne. Le texte demande à la société de publier, à partir du rapport 2020, des plans de transition conformes à l’objectif de l’accord de Paris visant à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. Les plans devront inclure des objectifs à court, moyen et long terme pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des scopes 1, 2 et 3, ainsi que des stratégies détaillées pour atteindre ces objectifs. Pour les porteurs du projet de résolution, les informations devront aussi décrire la manière dont les dépenses d’investissement seront alignées sur les objectifs de l’accord de Paris et la façon dont la rémunération des dirigeants les incitera à mettre en œuvre ces plans. Rio Tinto a été classé par le CDP au 24e rang au sein des cent plus importants émetteurs mondiaux de GES (qui représentent 71 % des rejets de l’industrie mondiale).
Sans surprise, le conseil d’administration de la société a appelé à voter contre la résolution. Dans son argumentaire, il indique notamment qu’une nouvelle analyse est en cours, actif par actif, afin de fixer de nouveaux objectifs pour les scopes 1 et 2 (qui seront publiés en 2020), que l’analyse est basée sur un maintien de l’augmentation de la température à 2 °C, se référant ainsi à un scénario de développement durable retenu par l’Agence internationale de l’énergie. Par ailleurs, le conseil d’administration indique que les émissions relevant du scope 3 [qui représentent plus de dix-huit fois les rejets des scopes 1 et 2, NDLR] proviennent surtout des aciéristes chinois et que même si le groupe adhère à de nombreuses initiatives visant à faire évoluer les technologies, il a peu d’influence sur ses fournisseurs et ne peut donc s’engager sur un objectif. Bien que l’exigence de la réglementation australienne ne laisse presque aucune chance à une approbation du projet de résolution, l’initiative des actionnaires australiens montre bien la tendance qui se développe sur le front de l’urgence climatique, ainsi que l’importance du scope 3, encore bien peu pris en compte par les entreprises, mais qui constitue un enjeu central dans le cadre d’une approche RSE.