Le 2 septembre 2016, quatorze migrants originaires du Myanmar, ayant travaillé dans une ferme-usine de poulets (Thammakaset 2) qui fournissait le géant thaïlandais de l’agroalimentaire Betagro, portaient plainte contre ces entreprises en raison des conditions proches de l’esclavage dans lesquelles ils avaient travaillé durant plusieurs années : durée de travail pouvant atteindre vingt heures par jour, confiscation des papiers d’identité, etc. (voir IE). Betagro, face aux accusations des anciens salariés, avait mis un terme aux relations qui le liaient à Thammakaset et le bureau de la Délégation à la Protection des travailleurs et du bien-être de la province de Lopburi (Department of Labour Protection and Welfare – DLPW) avait condamné Thammakaset à verser aux plaignants les arriérés de salaire et les heures supplémentaires effectuées, soit 1,7 million de baths (47 000 euros). Le propriétaire de l’usine (Chanchai Pheamphon), qui niait ces accusations, avait indiqué que les employés avaient eux-mêmes choisi de travailler la nuit et de dormir dans les poulaillers et il avait porté plainte pour diffamation auprès du tribunal de Don Mueang. Le 11 juillet 2018, les juges ont rejeté l’accusation de diffamation, puis le 15 janvier 2019, la Cour suprême a confirmé le versement de 1,7 million de baths aux anciens salariés. Si les défenseurs des droits humains jugent que le montant de la compensation est peu élevé au regard du préjudice subi, ils estiment néanmoins qu’il s’agit d’une victoire très rare en Thaïlande et qu’elle permet de faire progresser les droits du travail et des travailleurs migrants. Ils soulignent également que ce cas est probablement la partie émergée de l’iceberg qui gangrène le secteur de la volaille.