Depuis plusieurs mois, l’association Greenpeace s’opposait à un projet d’exploration pétrolière de la compagnie Total au large du fleuve Amazone (voir IE). L’organisation écologiste avait relevé que ce projet menaçait un récif corallien considéré par les scientifiques comme « une des découvertes les plus importantes des dernières décennies en matière de biologie marine ». Greenpeace avait remis en cause les études d’impact réalisées par le pétrolier français et alerté les actionnaires et les investisseurs des conséquences potentielles de ce projet pour le groupe. Après avoir demandé, à quatre reprises, des éclaircissements techniques sur les mesures environnementales prévues par l’entreprise, l’agence environnementale brésilienne (Ibama) a définitivement rejeté, le 7 décembre, la licence environnementale de Total. Dans un communiqué, Greenpeace a salué la décision courageuse de l’agence dans un contexte politique jugé difficile.
Mais le 7 janvier dernier, Suely Araújo, présidente de l’Ibama depuis 2016, a démissionné à la suite des accusations formulées par le nouveau ministre de l’Environnement, Ricardo Salles, et reprises par le président du pays, Jair Bolsonaro, selon lesquelles le budget de l’agence comporterait des irrégularités, et notamment une dépense de 28,7 millions de réais (6,8 millions d’euros) pour la location de véhicules. Dans une déclaration écrite, Suely Araújo a démenti ces accusations en précisant que la location concernait 393 camions à roues motrices utilisées par les agents de l’Ibama pour sillonner le Brésil et que le prix incluait les frais d’entretien et de carburant. Au cours de sa campagne électorale, Jair Bolsonaro avait juré de réduire à néant la capacité de l’Ibama à infliger des amendes pour infraction environnementale. Le président brésilien a également annoncé un renforcement du contrôle de l’utilisation des fonds publics attribués aux ONG. La responsabilité de ce contrôle a été confiée, à tout le moins de façon transitoire, au général de réserve Carlos dos Santos Cruz, secrétaire général du gouvernement, qui a précisé que cette disposition visait à s’assurer que les associations accomplissaient un travail qui complétait les actions du gouvernement.