De nombreux produits sont fabriqués par des enfants ou des personnes en situation d’esclavage. Le 20 septembre, le ministère américain du Travail a publié une liste de 148 produits (provenant de 76 pays) pour lesquels il a « des raisons de croire qu’ils sont [fabriqués] par des enfants ou des travailleurs forcés ». Ce rapport, mis à jour tous les deux ans, peut être utile pour les gouvernements, les entreprises et les consommateurs qui veulent lutter contre ces pratiques. Mais certaines organisations se sont émues de l’accent mis, dans l’édition 2018, par le secrétaire au Travail, Alexander Acosta, sur la menace que ces pratiques font courir aux emplois des travailleurs américains. « Les Etats-Unis ne devraient pas avoir à être en concurrence avec d’autres pays qui ne jouent pas le jeu, précise-t-il dans son avant-propos, et qui recherchent un avantage déloyal en fermant les yeux sur les violations dans le domaine du travail. » Une réorientation de l’argumentaire, habituellement axé vers la protection des droits humains, qui reflète la politique commerciale actuelle du gouvernement américain, centrée sur le principe « America first ». En établissant un lien avec les intérêts personnels, l’approche peut doper la prise d’initiatives pour contrer ces pratiques, mais elle éveille aussi la méfiance. D’une part, parce qu’elle risque de frapper sans discrimination les différents acteurs (sans recherche préalable de solutions), et d’autre part, parce qu’à l’inverse, elle peut ne cibler que les pays et produits dont l’administration américaine estime qu’ils menacent ses intérêts. Et ce d’autant plus que pour certains produits, comme le tabac, le pays a déjà été accusé d’avoir recours au travail des enfants (IE n° 193).