Le 21 octobre 2016, la société Camrail, contrôlée par le groupe Bolloré, était impliquée dans une catastrophe ferroviaire près de la ville d’Eséka (Cameroun). Cet accident se traduisait par 600 personnes blessées et 79 décès (voir IE). Le 2 novembre suivant, un collectif composé de vingt-huit personnes déposait une plainte devant le tribunal de grande instance d’Eséka. Le 26 septembre dernier, Camrail, ainsi que onze employés et anciens employés de la société, ont été déclarés coupables d’homicide, de blessures involontaires et d’activités dangereuses par le tribunal. Celui-ci a prononcé des peines de prison, dont certaines fermes, et condamné la compagnie ferroviaire à verser 50 millions de francs CFA aux ayants droit de cinq victimes (76 224 euros), une somme que les avocats des parties civiles jugent dérisoire. Plusieurs expertises ont rendu compte de la vitesse excessive du train (96 km/h au lieu de 40 km/h), de la rallonge inappropriée du convoi, d’une surcharge, de graves dysfonctionnements des systèmes de freinage au niveau de plusieurs voitures, etc. Après l’accident, la direction de l’entreprise avait diligenté une commission d’enquête interne et souligné la nécessité d’une expertise internationale indépendante. Camrail a donc décidé de faire appel du jugement en dénonçant « l’absence de toute expertise qualifiée et compétente, qui devait permettre d’établir de manière objective les véritables causes de ce tragique accident ».