On sait que l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère est à l’origine de l’augmentation globale moyenne de la température de la planète, mais aussi que cette augmentation provoque elle-même des facteurs de réchauffement supplémentaires (rétroactions positives). Plusieurs de ces facteurs sont déjà pris en compte dans les principaux modèles climatiques. La fonte des glaces augmente, on le sait, la superficie sombre de la surface terrestre, réduisant la quantité de lumière solaire réfléchie dans l’espace (effet albédo-glace), l’élévation de la température accroît la concentration de vapeur d’eau dans l’atmosphère, elle-même gaz à effet de serre. En revanche, d’autres phénomènes susceptibles d’amplifier le réchauffement climatique sont encore peu étudiés. Il en est ainsi de la fonte du pergélisol – sol gelé en permanence dont la disparition permettrait la décomposition des composés organiques emprisonnés libérant ainsi du méthane et du gaz carbonique – et de la diminution de l’absorption du dioxyde de carbone par les plantes terrestres et par le phytoplancton contenu dans les océans (en raison de la modification des écosystèmes). C’est sur ces phénomènes que seize éminents spécialistes internationaux se sont penchés dans un papier publié, le 6 août 2018, par le journal scientifique PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences). Selon les chercheurs, même en cas de respect des engagements de l’accord de Paris (qui vise à maintenir l’augmentation de la température entre 1,5 °C et 2 °C d’ici à 2100), on ne peut exclure qu’au-delà d’un certain seuil, ces rétroactions positives produisent une réaction en chaîne qui engage le système terrestre sur une trajectoire irréversible.